Laurent Albarracin. Lecture du recueil d'Howard McCord, Poèmes chamaniques, La Part commune.
© : Laurent Albarracin.
Article paru dans la revue Dissonances n° 41.
Mis en ligne le 10 novembre 2021.
Howard
McCord
Poèmes chamaniques
Édition
établie et présentée par Cécile A. Holdban et Thierry
Gillybœuf
Illustrations
de Cécile A. Holdban
éd.
La Part commune 2021, 223
pages, 15 Û
Comment
tout à la fois arpenter des terres extérieures, les plus bigarrées et vastes
qui soient, et opérer le lien avec le monde intérieur ? Howard McCord (né en 1932) est l'un des maîtres contemporains du Nature
Writing. De l'Ohio dont il est
natif jusqu'à l'Himalaya, en passant par le désert mexicain, l'écrivain et
poète américain aura exploré nombre de territoires et de paysages sauvages.
Sauvages mais pour autant pas tout à fait vierges de toute référence. Car si
chaque poème semble rendre compte d'un instant vécu, d'une marche accomplie ou
d'une réflexion née sur le vif prodigue de l'aventure, il n'en reste pas au
seul plan descriptif et semble s'appuyer toujours sur un vieux fonds traditionnel
et chamanique. Animaux, éléments naturels, tout paraît rattacher les sensations
du poète à une expérience ancestrale. Ce qui nourrit sa vision c'est quelque chose
comme un chant venu du fond des âges.
Il
y a des chaînes de montagnes
qui se dressent à l'intérieur des yeux
(…)
Elles
ne peuvent réellement
être
là.
Mais
on doit trouver
le Passage
pour aller de l'autre
côté.
Ce passage à trouver, à retrouver, cette
ambition orphique en fin de compte qui guide le poème, c'est chaque instant qui
l'offre lorsqu'on sait lui reconnaître un ancrage dans le temps long,
immémorial :
Chaque
grillon
sait qu'il a vécu
pour toujours.
Car la nature pour un poète de la trempe de McCord n'est pas seulement un réservoir de formes. Elle est
l'expérience de la vie commune à tous les vivants.
Laurent Albarracin