Retour : Écritures

 

Nicolas Deleau : Naufrage, avec trois illustrations par l'auteur.

Ce texte constitue la deuxième version de « Dix-sept heures dans les rues de Luanda », précédemment publié sur ce site. En comparant les deux états, on pourra suivre le travail d'écriture de Nicolas Deleau et l'évolution de ses illustrations.

Nicolas Deleau, professeur de lettres, travaille à Luanda. Il nous envoie ses Lettres de l'Angola.

Mise en ligne le 15 décembre 2004.

Note du 2 février 2006 : Le texte ci-dessous paraît, en sa version complète, dans le volume que publient les éditions Glénat à Grenoble en mars 2006, sous le titre La Dent d'orque et autres voyages….

© : Nicolas Deleau et les éditions Glénat pour le texte et pour les images.


Naufrage

 

 

 

Luanda. Un port. Il est dix-sept heures. Le jour commence déjà à décliner, la lumière du soir teinte d'ocre rouge les façades décrépies d'immeubles que la seule vie des habitants semble maintenir dressés, et l'on ne sait, des rangées de linge immobile et du patchwork de balcons, qui se tient à l'autre. En bas, une formidable cohue jette et brasse les odeurs, et fait monter une énorme rumeur par-dessus les frondaisons des flamboyants, par-dessus les toits, par-dessus les cuves d'eau et les forêts d'antennes.

Ce n'est pas la foule new-yorkaise et ses transhumances vespérales, ce n'est pas le flot morne de ceux qui rentrent ou vont, le regard vide et l'esprit las — ou pas seulement. Ici, on vend, on achète, on trafique, on transporte, on échange, on court, on joue, on discute paisiblement autour d'un brasero ou d'une marmite de fufu ; on fouille les ordures, on ramasse des mangues, on cherche, on attend, on vit, on demande, on se hèle, on se reconnaît. Des minibus bleus et blancs, les Candongueiros, dégueulent  des corps, en ingurgitent d'autres, et l'on reste pétrifié devant leur capacité : cela monte, sans que l'on sache quelle place pouvait bien rester vacante dans ce fatras de corps ; cela descend — et même depuis le fond  —sans que quiconque bouge, comme miraculeusement. Un spectacle à croire à la génération spontanée. Des minibus dont le manège est incompréhensible au novice suivent des lignes invisibles — chacun  la sienne — et s'arrêtent à la demande. Le chauffeur clame la destination puis redémarre dans un épouvantable crachotement de fumée noire, chargé de passagers hilares et chahuteurs jusqu'au-delà des vitres et des portières ouvertes ou manquantes. Certains dorment, on se demande comment. Quelque chose me frôle : deux bras tendus s'agitent, sortant des fenêtres droites d'un Candongueiro qui me double à une allure folle puis ralentit subitement. Je me range : il va se garer. Ces clignotants humains me font sourire et m'intriguent : le chauffeur donne-t-il des ordres à ses passagers ? Ceux-ci savent-ils depuis longtemps que les clignotants ne marchent plus ? L'accord est-il tacite, ou les habitudes si vieilles que tout est réglé comme du papier à musique ?… Est-on un habitué de la « ligne » ou du véhicule ?

 

 

 

C'est l'heure du pain chaud à la Padaria — la deuxième — et des gourmandises du soir. Marmites de beignets et de fufu, grills sur lesquels attendent bananes plantain, poissons ou épis de maïs. Je me suis acheté deux bagres grillés et je me laisse bercer par la cohue qui m'emmène comme d'elle-même sur les hauteurs surplombant le port. C'est une zone réputée dangereuse, mais je n'ai rien sur moi qui puisse attirer la convoitise. Mes chaussures, peut-être. Et puis, tout nous est interdit ou presque : je reste prudent, mais je ne veux pas que la peur de mourir m'accule à la peur de vivre.

On meurt, à Luanda. On meurt comme on va chercher son pain, égorgé pour quelques Kwanzas, bêtement, et la vie continue. Un tribut de plus à la faucheuse qui travaille ici depuis si longtemps en vraie stakhanoviste. Le pays est en paix depuis deux ans maintenant, mais les armes alors distribuées aux civils n'ont jamais été reprises ; c'est le problème : tout le monde est armé, m'expliquait hier Paulo, qui est chauffeur et ne fait pas exception à la règle.

Luanda, ville en armes. De loin en loin, un coup de feu, une fusillade. Instantanément, comme de vieux habitués, les gens se couchent, puis se relèvent et repartent.

Ce que je vois est neuf — et tant mieux. Rien n'y prépare je crois. Les reportages les plus durs sont une chose, mais on en a comme pris l'habitude : on les connaît, ces photos, ces commentaires graves, ponctués de silence au milieu des phrases, comme si ; et puis c'est ailleurs.

Mais il faut voir des bambins tout juste assez vieux pour tenir sur leurs jambes, perdus dans des décharges sans fin dont ils extirpent des choses innommables, parce qu'il faut chercher, sans doute, et que cela s'apprend tôt ; il faut croiser le mendiant qui ne quémande même plus, les corps allongés dans les gravats dont on ne sait s'ils respirent encore ; il faut être giflé par quelques visions de personnes écrasées comme des chiens, au bord des routes longeant les mousseques — ainsi nomme-t-on les favelas de Luanda — qui restent là parce qu'on ne sait pas où est la famille, ou parce que c'est arrivé il y a peu et qu'on la cherche — parce que l'on ne veut pas mourir à son tour happé par un camion et que le cadavre est trop proche du flot des véhicules que rien n'arrête. Mais on continue de traverser, de toréer le fleuve de tôle, parce qu'il faut bien, que le marché est de l'autre côté, qu'on doit descendre à la plage, qu'on rentre d'une journée dans un autre quartier, que la route traverse un marché.

Alors, des choses se mettent en place d'elles-mêmes. Une forme vague au loin happe le regard et l'attention, fige le sang ; inconsciemment on ralentit, comme pour trouver une échappatoire. Ce n'était qu'un chien écrasé ou de vieilles hardes. On souffle — parce que le premier n'est que lui-même, parce que les secondes sont vides.

Tout cela ferme en vous quelque chose de vague pour jamais ; mais baigné dans l'immédiate violence, vous vous achetez à manger dans une roulotte, quelques jours plus tard, vous remerciez la vendeuse, une vieille souche d'ébène, et un simple sourire sur son visage fatigué vous fait éclater en sanglots, comme ça, sans prévenir. Parce qu'il fallait, aussi, sans doute.

 

Alors, je vis, je regarde, me cramponnant à cette certitude : qu'il faut garder les yeux ouverts sur l'innommable pour pouvoir surprendre le beau là où il se terre — ou il se donne.

Merde aux tièdes. Je vivrai avec prudence, mais je vivrai, aussi éloigné que possible de ces discours si souvent entendus.

Méfie-toi. C'est un endroit dont tu ne connais pas les codes. La ville est dangereuse. Méfie-toi des voitures. Ils conduisent comme des fous. Méfie-toi des bouches d'égout dont les plaques sont manquantes. Elles t'immobilisent, cassent ta voiture — mais je n'ai pas de voiture. Repère-les avant que les pluies ne les masquent. On ne sort pas la nuit — pas à pied, du moins — mais je n'ai pas de voiture. De nombreux quartiers sont interdits. Hier, untel s'est fait agresser. Un de plus, il y en a tant. On te tire dessus pour une photo prise dans la rue. La police ne plaisante pas. Ne va jamais seul nulle part, sans avoir prévenu quelqu'un de ton itinéraire, de ta destination, de tes horaires, fussent-ils approximatifs. Tu verras, cela ressemble à, tu verras, on le sent, ce poids de la culture portugaise, le métissage, ce côté festif, latin, et cette musique… Tu verras aussi les difficultés logistiques. Pas d'eau. L'électricité qui est coupée tous les jours, les groupes électrogènes qu'il faut alimenter, la voiture qu'il faut réparer — mais je ne veux pas de voiture !  —la ligne de téléphone qu'il faut attendre dix ou douze mois… Tout cela fatigue. On ne vole pas notre salaire, tu sais. Cela compense… Et puis tout est si cher. Tu sais, je commence à l'appréhender maintenant, Luanda n'est pas une ville comme les autres.

 

Je voudrais qu'on m'en montrât une qui le fût.

 

Luanda est une ville unique, comme toutes les autres. Luanda est un port, une grande capitale, une hydre, une concentration folle de déracinés et de misère ; ses rues retentissent des cris et des courses, des rires et des disputes d'hommes et de femmes qui pour beaucoup d'entre eux auraient pu connaître, sans cette interminable guerre, une vie chiche mais heureuse d'agriculture ou d'élevage. Mais qui sont ici, parce que l'Unita et le MPLA, dans leur province comme dans celles d'à-côté, les ont tirés, à hue à dia, à l'arme lourde et hors de chez eux…

 

 

Pour l'heure courent les anecdotes. Aucune qui mente. La misère hurle partout, silencieuse, vorace, toute de ventres et de regards ; et avec elle la cohorte des violences infligées — visuelles, physiques. C'est vrai, l'eau manque, l'électricité fait souvent défaut, chaque course est une petite épopée. C'est vrai, il faut faire attention aux bouches d'égout dont les plaques ont disparu, parce qu'elles cassent les voitures, et que tomber en panne, la nuit… Tout cela est vrai ; mais je me sens vivre. Rien à voir avec la griserie du danger, qui est une affaire de jeune con. Simplement, je veux voir le beau.

Elles courent, les anecdotes, et tout cela sent la réduction, le pavillon propret, des univers de motivation que tout sépare enfin. Pourquoi ces plaintes, pourquoi ces innombrables mises en garde ? Par souci altruiste ? Oui, aussi. Mais surtout parce qu'il semble important, pour leur faire face, de nommer ses propres misères. Et la notion en est si fluctuante…

Elles courent les anecdotes, les histoires horribles et l'interminable liste de celles qui auraient pu si mal finir, il s'en est fallu d'un cheveu — rétrospectivement, quelle peur. On s'en est bien tiré. Je ne sais pas comment nous aurions fait si, sans. La ville en regorge, de ces anecdotes — comme un vivier, comme un théâtre seulement.

Elles courent, les anecdotes, là où la vie s'éteint. Elles courent parce que l'héroïsme se travaille d'autant plus que son pied chausse court, parce qu'il faut avoir des choses à raconter au retour pour montrer combien, pour dire que, pour justifier, et se donner plus tard, sous le prisme du regard interrogateur et admiratif des amis qui sont restés, l'impression d'avoir vécu. Elles courent chez ceux qui, même parfois ici depuis longtemps, ne sortent pas, ne cherchent pas. Par peur, tout simplement, parce que le danger est réel — parce qu'il le fut tellement plus encore, parce que les occasions de changer de lucarne sont si rares surtout, et si peu nécessaires.

Voilà du moins ce que je me disais avant de saisir — il m'aura pour cela fallu un long mois : on me prévenait parce que j'étais là, et que nous allions partager nos petites misères. On me prévenait parce que de toute évidence j'allais voir, et qu'il valait mieux que je sache un peu. Ils me prévenaient parce que comme eux, dans quelques mois, je ne raconterais que le beau. Comme eux, la ville m'aura pris, et une vague mauvaise conscience m'empêchera d'en dire du mal parce qu'elle est belle, immensément et confusément belle, et que se cantonner à l'horrible qu'on y trouve, beaucoup plus facile à décrire que son charme puissant et diffus, serait mentir. On a envie de faire aimer celle qui nous tient : Luanda n'est pas un lieu de villégiature, en tout état de cause. On en donne le plus joli visage aux amis lointains, on s'en plaint avec ceux sur place, et les deux discours se compensent.

 

Je m'appelle Nicolas, je suis tout petit et me voilà à Luanda, malmené, fasciné, heureux. Moi qui ne supportais pas la chaleur…

 

Tout cela, c'est parce que je veux aimer les gens, les choses, saisir un instant d'un regard posé, me frotter au grand archet du monde ; parce que je veux connaître et dire les lumières du couchant sur les ports, les rires dans les arrière-cours entendus depuis un balcon que viennent caresser le vent solaire et les parfums de poisson grillé, les odeurs fugitives, les plaisirs que l'on prend partout, si l'on garde les antennes dehors — tout cela, c'est parce qu'il y a un Usage du monde, et que n'en déplaise à l'humilité émerveillée de son auteur, il n'y en a qu'un.

Tout cela, c'est de la faute à Nicolas Bouvier.

 

Felix Culpa !

 

En rentrant des Iles Kerguelen, un ami — et un homme — précieux m'avait conseillé la lecture des ouvrages de Nicolas Bouvier, et enjoint de tenter de raconter ce qu'il sentait confusément au fil de nos conversations. Je m'étais déjà, sans succès, attelé à la tâche ; j'ai commencé à lire. Soufflé littéralement par la grâce et la densité des mots justes, je n'ai rien pu écrire pendant longtemps ; mais s'est fait soudain impérieux le voyage, encore. Non pour dire les mêmes choses (le prodige de L'Usage du monde tient aussi à ce miraculeux mariage du contingent et de l'essentiel ; de l'anecdote et d'une formidable généralité. Chaque page semble dire : « Voilà ce qui s'est passé, voilà le charme de ce lieu, à cette heure, cette année-là ; voilà ce que j'ai vu, senti, touché, vécu intensément à ce moment-là. » Et lorsque arrive la dernière, sans que rien n'ait été explicitement formulé dans ce sens, on murmure pour soi la nécessaire conclusion : « Voilà comme il faut découvrir le monde. Voilà comme tu dois voir, sentir et toucher quand tu voyageras, où que te portent tes pas. Ne voyage que dans l'intensité. Il faut vivre, intensément. » Comment faire mieux ?) — non pour dire les mêmes choses, donc, mais pour tenter de les vivre, si différentes soient-elles, de la même façon. Le voyage alors aurait pu n'être qu'accessoire. « L'envie est en moi et ce livre l'attise, voilà tout » me suis-je dit. Puis, très vite, « Je veux me sentir vivre à chaque instant, je le fais autant que possible, et depuis mon seuil, mais si la curiosité se nourrit d'un rien, elle ne se repaît de rien. Il faut partir. »

 

Je m'appelle Nicolas, je suis tout petit sur un continent immense et lourd. Je suis arrivé à Luanda il y a un mois désormais. Il est tôt, et je dois me laisser le temps de découvrir sans brûler les étapes — à condition de laisser lâche, comme les articulations des jeunes enfants, cette gangue des habitudes si vite prises dans un microcosme. Les gens qui m'environnent sont merveilleux. Il y en a du moins suffisamment pour nourrir, parce que le spectacle et les moments qu'ils m'offrent sont forts.

Il faut accepter que cela ne soit pas tout.

Il faut accepter d'en laisser un peu, de ne pas accorder la plénitude, parce qu'il y a, ailleurs.

 

Pour l'heure, je profite des hauteurs dominant les docks. En bas, les grues ont penché leur bec, et attendent paisiblement le chargement d'un nouveau cargo, peut-être cette nuit, peut-être demain. Sur la margelle d'un wagon déglingué et flamboyant de rouille, deux bambins jouent au voyage. Un vieil homme sourit à leur spectacle en fumant une cigarette cubaine, une Popular, puis se lève. Il est aveugle. Les deux petits conducteurs l'aident à descendre la marche de fer forgé, lui rendent un imaginaire coupon de billet en lui souhaitant bon voyage, puis retournent aux commandes.

 

Il est temps de rentrer.

 

 

Au nord de la ville, il y a une plage immense, écrasée par les détonations des vagues. On y accède par une piste poussiéreuse qui ne la laisse que deviner et dont les perspectives attirent le regard de l'autre côté : du côté des terres et des falaises blanches contre lesquelles se dressent les silhouettes sèches des euphorbes, nettes comme un trait d'encre. Lorsqu'on arrive près des côtes, avant même de les voir, on sent qu'un vide dans les perspectives annonce l'océan. Où qu'on soit. On se dresse, on ne voit rien, mais on sent.

Peut-être l'appel du large se terre-t-il précisément là où on ne le voit pas encore, dans cet entre-deux terrestre où si souvent, on se dit qu'il n'y a plus d'horizon. La plage de Santiago, au-delà de Cacuaco, est de celles-ci : alors que l'on chemine, le regard se partage et hésite, selon les orientations du chemin, entre les falaises éblouissantes et ce vide au-delà des herbes hautes, des badamiers et des troncs déjà trapus de quelques jeunes baobabs. Là où le soleil se couche. D'un côté, les euphorbes contre la pierre blanche ; de l'autre, émergeant d'un océan de graminées géantes et presque grises, annonciatrices de l'autre mer, les puissantes lignes des épaves.

 

Un cimetière de bateaux.

 

Des kilomètres de sable lourd, épais, compact, les joyaux turquoise d'oursins plats et dentelés que le jusant dégage et nettoie ; de loin en loin, les formes massives des bateaux mangés de rouille, comme disséminées par une main titanesque — comme des osselets. La baie, immense, ne doit pas être profonde : on voit les flancs des bâtiments contre lesquels retentissent, sourdes et puissantes, les détonations des vagues ; certains pourtant sont bien loin, dont les hublots, orbites vides, ne sont pas plus gros que des points de soudure.

 

Il en est un, plus proche que les autres ; et l'on ne sait quelle formidable tempête l'a posé là : on le touche les pieds au sec. Gigantesque, l'étrave meurtrie, crevée, cède peu à peu. On contemple d'en bas la grandeur du naufrage. Des milliers de tonnes de tôle épaisse et brute, retournée presque à l'état de plus rien, friable comme un grès.

C'est un paquebot. Son nom est encore lisible à la proue : il s'appelait le Karl Marx.

 

Il s'appelait le Karl Marx, et a été échoué quelque part en Angola, sur une plage immense, face à l'Ouest ; sa silhouette pataude dresse ses antennes penchées de vigie morte entre les houles et les euphorbes, plantée à jamais au milieu d'un ciel d'oursins turquoise.

 

J'aurais pu extirper du sable quelque morceau de rouille, comme un petit bout du grand désastre, et l'ajouter à la cohorte des objets qui m'entourent aujourd'hui. J'ai préféré ranger une épave entière, penchée sur le ciel rouge, dans l'innombrable foule des visions qui me hantent en silence.

 

Dans ma tasse encore chaude, je verse un fond de vieux rhum dont les vapeurs, en molles et invisibles volutes, montent jusqu'à moi, poussées par la chaleur de l'âtre. Il est des alcools qui rendent loquace et donnent envie de s'extasier — des alcools qui poussent à chercher les mots justes. Celui-ci fait naître des images, des siècles, et plonge dans un silence lointain. Dehors, comme surgis de la nuit opaque, des flocons lumineux dansent à la fenêtre.

 

 

 


Retour : Écritures