RETOUR : Cours de Jacqueline Morne sur Bergson
Annexe 5 : L'associationnismeL'associationnisme est une philosophie d'inspiration
empiriste théorisée en particulier par Locke, Hume et Stuart Mill, selon
laquelle la perception, comme tout phénomène de la vie psychique résulte de
l'arrangement dans la conscience de données sensorielles élémentaires selon des
lois de ressemblance, contraste, contigu•té indépendantes de la volonté. La connaissance
trouve son origine dans la sensation ; par le jeu des répétitions ces
données originelles se relient entre elles. Tout le savoir humain est formé à
partir d'expériences séparées, simples, particulières. Cette théorie de la
connaissance s'oppose à tout innéisme, elle explique toutes les opérations
mentales par l'association mécanique des idées. Les principes rationnels ou
logiques de non-contradiction et de causalité ne sont pas constitutifs de l'esprit
mais se sont imposés par la constance dans l'expérience des associations
d'idées, dont les termes s'appellent mutuellement de faŤon si irrésistible
qu'il nous est impossible de les penser l'un sans l'autre. Les
associationnistes comparent cette attraction des idées dans le monde psychique
au principe d'attraction universelle de Newton dans le monde physique. Hume a montré en particulier que le principe de causalité
selon lequel « tout fait a une cause » ne pose aucune relation
essentielle et nécessaire entre la cause et l'effet. Il est seulement le
produit d'une succession habituelle entre les deux phénomènes : c'est
parce que nous voyons généralement le phénomène B succéder au phénomène A que
nous disons que A est cause de B. La critique de Bergson consiste essentiellement à contester l'atomisation
de la vie psychique sur laquelle repose l'associationnisme. Il reproche aux
associationnistes de voir le moi comme un assemblage d'états psychiques qui
peuvent être représentés séparément et considérés comme des
« choses » distinctes ayant une existence propre. « Bien vite nous
reconnûmes l'insuffisance de la conception associationniste de l'esprit. Cette
conception, commune alors à la plupart des psychologues et des philosophes,
était l'effet d'une recomposition artificielle de la vie consciente. » La Pensée et le mouvant, p. 4 |