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Annexe 5 : L'associationnisme

L'associationnisme est une philosophie d'inspiration empiriste théorisée en particulier par Locke, Hume et Stuart Mill, selon laquelle la perception, comme tout phénomène de la vie psychique résulte de l'arrangement dans la conscience de données sensorielles élémentaires selon des lois de ressemblance, contraste, contigu•té indépendantes de la volonté.

La connaissance trouve son origine dans la sensation ; par le jeu des répétitions ces données originelles se relient entre elles. Tout le savoir humain est formé à partir d'expériences séparées, simples, particulières. Cette théorie de la connaissance s'oppose à tout innéisme, elle explique toutes les opérations mentales par l'association mécanique des idées. Les principes rationnels ou logiques de non-contradiction et de causalité ne sont pas constitutifs de l'esprit mais se sont imposés par la constance dans l'expérience des associations d'idées, dont les termes s'appellent mutuellement de faŤon si irrésistible qu'il nous est impossible de les penser l'un sans l'autre. Les associationnistes comparent cette attraction des idées dans le monde psychique au principe d'attraction universelle de Newton dans le monde physique.

Hume a montré en particulier que le principe de causalité selon lequel « tout fait a une cause » ne pose aucune relation essentielle et nécessaire entre la cause et l'effet. Il est seulement le produit d'une succession habituelle entre les deux phénomènes : c'est parce que nous voyons généralement le phénomène B succéder au phénomène A que nous disons que A est cause de B.

La critique de Bergson consiste essentiellement à contester l'atomisation de la vie psychique sur laquelle repose l'associationnisme. Il reproche aux associationnistes de voir le moi comme un assemblage d'états psychiques qui peuvent être représentés séparément et considérés comme des « choses » distinctes ayant une existence propre. « Bien vite nous reconnûmes l'insuffisance de la conception associationniste de l'esprit. Cette conception, commune alors à la plupart des psychologues et des philosophes, était l'effet d'une recomposition artificielle de la vie consciente. » La Pensée et le mouvant, p. 4