Annexe 5
Les termes rhétorique et sophistique sont confondus dans l’usage courant. Gorgias,
qui se dit spécialiste de la rhétorique, est le plus souvent
qualifié de sophiste.
On sait que les
Sophistes étaient des orateurs professionnels, qui faisaient payer leurs
services et enseignaient leur art moyennant finances également. Leur
prestige était grand à Athènes où, avec le
développement des institutions démocratiques, on prenait
conscience du pouvoir des mots et de l’importance de savoir bien parler.
Stricto sensu, le tableau que Socrate dresse des arts et des
savoir-faire dans l’entretien avec Polos (voir annexe 4) permet de
distinguer les deux termes. Cette classification distingue en effet la
rhétorique de la sophistique comme il distingue la justice de la
législation. Législation et justice sont les deux branches de la
politique, l’art qui vise
à rendre l’âme des citoyens plus juste :
-
La législation
est l’art de faire de bonnes lois ; il s’exerce dans les
assemblées du peuple qui sont en charge de cette tâche. La
sophistique est le savoir-faire démagogique qui contrefait cet art.
-
La justice est
l’art qui permet de sanctionner équitablement ceux qui ont
transgressé la loi ; il s’exerce dans les tribunaux. La
rhétorique est la contrefaçon de cet art. Ceux qui la pratiquent
ont pour but d’infléchir les décisions de justice en leur
faveur.
Cependant Socrate lui-même ne
respecte pas toujours cette distinction. Lorsqu’il définit la
rhétorique, « cette
partie de la flatterie qui contrefait la politique » (464 b), le terme de rhétorique, mis en
parallèle avec celui de politique, désigne l’art oratoire
en général qu’il soit sophistique ou rhétorique. On
peut donc considérer que la critique de la rhétorique
développée dans le Gorgias s’adresse aussi à la sophistique.