Où j'en suis avec Victor Hugo ? Pas très loin. Au stade de lectures très anciennes, recouvertes par le vernis de la doxa moderniste anti-hugolienne. Une assez récente lecture de la correspondance de Baudelaire n'a guère aidé à arranger les choses.

J'aimerais pourtant trouver le temps de parcourir plus à fond le massif. Quelques vers, de ci de là, flottant dans la mémoire, m'y invitent comme autant de possibles sentiers.

Vive admiration, d'autre part, pour ses dessins, vus il y a quelques années dans un musée à New York. Là le médium vient au premier plan et le difficile point d'équilibre entre le motif et la matière (encre, papier) est souvent miraculeusement atteint.

Dernière chose : quand j'ai déménagé récemment pour habiter au bord de la mer, Pierre Michon (hugolien par bien des côtés) m'a proposé en guise de devise ces vers (tirés je crois de La Légende des siècles) :

                          […] Fils, j'ai coutume

En voyant la grandeur, d'oublier l'amertume

Et c'est pourquoi je suis le voisin de la mer.

J'ai trouvé que c'était le meilleur des viatiques pour un nouveau départ dans l'entreprise, sans cesse reprise, de vivre poétiquement. Et accessoirement je me suis dit qu'il y avait sûrement, chez le vieil Hugo, abondante matière pour qui se propose de réfléchir sur la question de la « po-éthique ».

Jean-Claude Pinson