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Les Bibliothèques de Vieira da Silva
© : Serge Meitinger.

Serge Meitinger est professeur de Langue et de Littérature françaises à l'Université de la Réunion. Il a publié de nombreux articles, notamment sur la poésie depuis Baudelaire, et un essai : Stéphane Mallarmé ou la quête du « rythme essentiel », Hachette, 1995. Il écrit et publie de la poésie.

Ces quatre poèmes inédits sont extraits d'un recueil à paraître sous le titre Les Bibliothèques de Vieira da Silva.

 


La bibliothèque

Certains disent :

la terre

 

Les sédiments

l’argile

ont le feuilleté

des feuillets

 

*

 

Certains disent :

l’air et le feu

 

Volumes et volutes

volent une flamme

— pages tout éblouies —

 

*

 

Certains disent :

l’univers

 

Orbes et spires

de l’unique phrase

sont un chant

des montées

 

 


La bibliothèque de Malraux

Le sang est lourd

il parle dans les livres —

 

Il sourd

des pages reliées

 

*

 

Feu et sang de l’histoire

autodafés

 

Sceaux du désert

le plus peuplé

 

*

 

Ce sang

ce feu

 

Colorent

de bas en haut

 

Notre libre bibliothèque

 

 


La déchirure

Elle est seulement

ce qui arrive

— à l’exclusion de tout —

 

Coup de foudre gelé

— balafre nue de l’événement

 

*

 

Lueur et évidence

du saccage :

 

Toute forme est à défaire

 

*

 

Sur cette page bafouée

 

S’évide

le visage vide de l’ouvert

 

 


Festin de l’araignée

Au centre elle attend

l’universelle araigne —

dans la flagrance

 

— Voir arriver

tout tamiser

rien tenir —

 

Elle se nourrit de fil

et de rien

 

*

 

Ourdir le vide

toile vaine ?

 

De nos fées

la plus marraine

— espoir    chagrin —

 

Elle connaît nos livres

nos tables et nos aîtres

 

Le peu à n’être



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