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Laurent Albarracin : Le Feu brûle.

Laurent Albarracin est né en 1970 à Angers. Il vit en Corrèze. Il a publié des plaquettes et livres de poésie, parmi lesquels Les Jardins nucléaires, Éditions L'Air de l'eau, à Brive ; Neige, Atelier de l'Agneau, à Liège ; Ciel et De l'image aux éd. de l'Attente à Bordeaux.

Dernières publications :
Le Fruit de la gravité, poèmes, Haldernablou éd., 2002. (Haldernablou, F-48110 St-Martin-de-Lansuscle.)
Le Feu brûle, postface de Pierre Campion, Atelier de l'Agneau, 2004. (Le Vigneronnage, F-33220 St-Quentin-de-Caplong.)

Le texte reproduit ci-dessous est un fragment en prépublication du livre Le Feu brûle, paru en mai 2004 et indiqué ci-dessus en référence.

Texte mis en ligne le 6 juillet 2002.
© : Laurent Albarracin

Autre texte disponible sur ce site : De l'image.

 

 

LE FEU BRÛLE

La rosée est la claire semence, le matin ne s'appuie pas, le bâton n'a pas d'épaule, l'eau est la semoule de l'eau.

Le pétrole est la moto qu'on tord, un jet d'airain, le lait est le câble de la chèvre dans le seau, le vif arceau d'un serpent dans le lait.

Les flèches mouillées du feu retombent au feu, meurent dans l'arc, le feu est ce crapaud sous la cendre.

Queue de poisson le poisson ! et poisson l'eau ! eau les mains ! et sable les moulins ! vent la poussière !

De quoi la montagne est le tas, de quel feu le tas de feu est le trépied, de quel camp le camp le camp, de quelle hache la cendre l'œuvre ?

Le taureau par la bande, le taureau par les cordes, le taureau de clameurs par tous les moyens, s'assoit dans l'herbe et s'allonge.

La fontaine est un arbuste à falaises, à petites baies mourantes, la fontaine est un défi lancé aux oiseaux, un poing d'eau brandi.

La pluie est un multiple en pluie, est une chose fumante refumante, qui va marchant perforée sous la pluie, inquiétante et aveuglément en pluie à la pluie.

Ici le lait est un bolide, une courbe est creuse avec des pépins légers.

Feu d'épines dans le tambour de l'eau, les branches ont des étoiles, la brûlure est l'eau à vif dans la soif, le sel est clou, est marteau passé clou en tout.

Et même la voûte est voûtée, par quoi les figures sont soumises aux figures, tout lac a un fermoir fébrile.

Les feux sont des buissons que l'air enflamme, les feux sont des broussailles, sont des ronces qui s'embrassent, les feux sont des chèvres que le briquet des chèvres allume.

La rivière est le lancer de toute la rivière en arrière pour nager, pour remonter cette poussée qui la tire en arrière, elle est toute la peine allée à la peine, elle frétille et elle est poissonneuse.

La chair est un lait bosselé, est un lac navigué de poissons, de doigts sous la peau qui se palpent, la chair est un cheval qui court sous le cuir, harassé d'équilibre sous un harnais de forces.

La pluie est un cheval de crème, une grande eau qui se baratte, qui se bat les flancs et qui grandit, le genou est le bâton pour Dieu.

Les brindilles font le feu du silence, brin à brin elles construisent et se jettent dans le feu du silence, dans la gueule ouverte du brasier.

Le sommet se hisse où il est, et la base est la cendre du sommet, où il y a un feu qui scie lentement ses flammes et si lentement s'éboule.

La main se tient, a les doigts sortis prêts à la saisir si elle s'échappe, main immobile comme le chat immobile et résolu a l'air de guetter le bond qui filera de lui.

Un trou est un chapeau camouflant, un trou est un manteau disparaissant, un trou c'est des bottes intégrales, c'est des bottes de plus du tout de bottes.

Le bloc est un bloc, est un remblai d'emblée, est une masse masse, est le fil de la masse de la masse, le paquet fait paquet, le bloc est le bloc du bloc et du bloc.

Laurent Albarracin



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