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Pierre Campion

Extrait de L'Agir littéraire. Le beau risque d'écrire et de lire, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 213.

© : Pierre Campion et les Presses Universitaires de Rennes.


Si les œuvres de la littérature – mais sans doute aussi celles de la philosophie et toutes les œuvres de l'art – sont indéterminées, ce n'est pas parce qu'elles échapperaient aux causes et aux mille influences – historiques notamment – auxquelles elles sont exposées, elles et leurs successives lectures et interprétations. C'est justement parce qu'elles ne sont pas réductibles à ces déterminations, qu'il faut connaître néanmoins, pour faire reconnaître ce caractère d'irréductibilité.
Ni plus ni moins que tous autres événements, en leur moment, les œuvres sont imprévisibles, ainsi que, par la suite, les lectures qui s'en feront ; après coup, les unes et les autres, à leur manière, entrent dans le réseau des raisons que l'on est en droit, en devoir et en capacité, mais seulement alors, de constituer, a posteriori. Au premier rang de ces raisons, celle-ci, de nature axiologique : chaque œuvre appelle chaque lecteur à éprouver et à comprendre, en sa fraîcheur, la liberté qui présida un jour à son invention. Car, si la raison n'était pas capable de se construire une certaine logique de l'invention et du trouble que celle-ci suscite dans l'Histoire et dans la pensée, alors il faudrait désespérer d'elle.
Mais justement toutes les philosophies qui se donnent pour tâche de penser l'origine (par exemple la phénoménologie, en ses diverses versions) ou, plus largement, d'élaborer, à partir de la révolution kantienne, les conditions d'une connaissance, d'une esthétique et d'une morale nous assurent qu'il n'y a pas à désespérer de l'enquête philosophique sur les raisons du sujet à l'œuvre. […]


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