Retour à la séquence pédagogique

 

Au sein de la séquence pédagogique créée par Pascal Le Bert sur la justice et l'emprisonnement, des él¸ves ont écrit des articles faisant compte rendu de livres ayant trait à l'objet du cours.
On trouvera ci-dessous l'un de ces articles.

Pascal Le Bert est professeur de Lettres au lycée Charles de Gaulle à Vannes.

Nous le remercions de nous permettre de publier cet article.

Texte mis en ligne le 15 septembre 2006.

© : Pascal Le Bert et l'auteur de l'article.


JUSTICE ET VÉRITÉ POUR OMAR RADDAD

Jean-Marie Rouart, écrivain, membre de l'Académie française et journaliste au Figaro a publié, en 1994, Omar, la construction d'un coupable. Indigné par la condamnation subie par Omar Raddad, il nous propose, à travers son ouvrage, une relecture du dossier d'accusation : le sentiment d'injustice est patent. C'est pourquoi, dans le combat pour la reconnaissance de l'innocence d'Omar Raddad, la rédaction de cet ouvrage s'imposait comme une nécessité.

Omar Raddad, un jeune marocain, est jardinier : certains dimanches, il se rend chez Ghislaine Marchal pour exercer des travaux dans la propriété. Ainsi, après être intervenu chez madame Marchal, Omar part, à l'occasion de la fête de l'Aïd-el-kébir, à Toulon rejoindre sa femme et son fils. Mais le lendemain de son arrivée, les gendarmes l'arrêtent et l'accusent d'avoir assassiné sa patronne, Ghislaine Marchal.

Une inscription en lettres de sang, « Omar m'a tuer », trouvée près du cadavre sur la porte de la cave de la maison ont mis les enquêteurs sur la trace d'Omar. Au poste de police, il doit donc expliquer en détail ce qu'il a fait le 23 juin, jour supposé du meurtre.

Les difficultés financières d'Omar seraient le mobile de l'assassinat, selon le juge ; il pense qu'après le refus de sa patronne de lui faire une avance de salaire, Omar, pris d'un brusque accès de folie meurtrière, l'aurait poignardée.

De nombreux examens vont être effectués : tout d'abord, pour savoir si Madame Marchal était réellement en état d'écrire avec son sang le message retrouvé, et si celui-ci a bien été écrit de sa main. Puis, les enquêteurs vont examiner les affaires d'Omar afin de voir si elles n'ont pas conservé des poussières de la cave ou des traces de sang.

 

Finalement, beaucoup de doutes surgissent : aucune tache de sang n'a été retrouvée sur les affaires d'Omar. Ensuite, les médecins légistes ont d'abord estimé la date du décès au 24 juin entre 11h et 14h, puis prétextant une faute de frappe, ont rectifié leur rapport et ont inscrit la date du 23 juin… De plus, on n'a aucune certitude sur l'auteur de l'inscription : quand on a commencé à se poser des questions, on n'a pas pu procéder à des vérifications sur le corps de Ghislaine Marchal car il a été (trop) rapidement incinéré. Ce qui est apparu étrange à beaucoup, sachant qu'elle avait acheté un caveau… Tous ces aspects du dossier ajoutés au manque de curiosité des gendarmes et des juges d'instruction, et même à de mystérieuses disparitions de pièces à conviction font douter de la culpabilité d'Omar Raddad, au point de faire planer sur cette affaire le spectre de l'erreur judiciaire.

Finalement, devant l'émotion soulevée dans l'opinion publique par les incertitudes du dossier, et après que le roi du Maroc, Hassan II, lui-même, est intervenu, le président Jacques Chirac accorde en 1998 une grâce présidentielle à Omar Raddad, après 7 ans d'emprisonnement. Néanmoins, cela n'efface pas sa condamnation à dix-huit ans de réclusion criminelle. Avec ses avocats, Omar dépose donc en janvier 1999 une requête en révision, espérant ainsi obtenir un nouveau procès, seul susceptible de le réhabiliter totalement  : « Je ne vous demande pas grand chose, je veux un deuxième procès, toute la France le demande. Je sais que je pourrais être condamné à perpétuité, mais c'est moi qui prends le risque. »

A. G.
Lycée Charles de Gaulle de Vannes, mars 2004.

En février 2004, Omar Raddad n'avait toujours pas obtenu de réponse de la Chancellerie…

Omar, la construction d'un coupable , de Jean-Marie Rouart – Éditions de Fallois, 199 pages, 15 €.