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Yvon Logéat, professeur de Lettres, a reçu l'écrivain Didier Daeninckx dans sa classe de Seconde au Lycée Sévigné de Cesson-Sévigné.

Nous le remercions de nous permettre de publier ce travail.

Texte mis en ligne le 16 février 2003.

Autres textes dans la même série :
Jean-Claude Pirotte dans la classe.
Jean-Pierre Abraham dans la classe.
Hélène Cixous dans la classe.

© : Yvon Logéat.


 

Écrire, publier, lire
Une courte séquence pour recevoir Didier Daeninckx

Les pages qui suivent sont constituées de documents rassemblés qui ont servi à l'organisation d'une courte séquence s'appliquant à l'objet d'étude proposé de façon optionnelle par les programmes de lycée : Écrire, publier, lire.

Il était tentant de profiter de la préparation de la venue de Didier Daeninckx dans une classe de seconde en octobre 2000 pour traiter de cet objet d'étude.

Nous nous sommes contentés ici de présenter le déroulement de la séquence dans une classe de seconde et les travaux prévus. La réalisation de ces travaux aboutit effectivement à la rencontre avec l'écrivain et s'est déroulée suivant le plan prévu, Didier Daeninckx s'étant prêté à notre jeu.

On notera que les références à des revues littéraires ou à des sites internet sont toujours actuelles et peuvent permettre un travail dans une classe sans qu'il soit fait appel à l'écrivain.

 

Deux objectifs dans la séquence

-       Travailler sur l'objet d'étude « Écrire, publier, lire aujourd'hui »

-       Animer la rencontre avec l'auteur sur les problèmes de l'écriture, de la publication, de la lecture.

 

Perspectives

Les perspectives ont été proposées par le professeur qui avait réuni la documentation nécessaire dont on retrouvera les éléments et les sources ci-dessous.

 

Rencontre avec Didier Daeninckx

Document

Travaux préparatoires

Activité

 

 

 

Qu'est-ce qu'écrire ?

Partie d'interview de Didier Daeninckx

Dossier « Les Cahiers de Colette »

Un fait divers écrit dans Libération

Questions motivées à l'auteur

 

Écriture d'une fin de nouvelle

Questionnement de l'auteur

 

Lecture de nouvelles produites par les élèves

Que publier ? Où publier ?

 

Documents sur

la collection Le Poulpe

Le polar

Questionnaire sur l'édition  et les auteurs

Questionnement de l'auteur

Comment lire ?

Qui est l'auteur ?

Que dit-il ?

Comment le dit-il ?

 

Interview

Le Matricule des Anges

 

Nazis dans le métro

 

Nouvelles extraites de Main courante

Reconstituer une biographie

 

Des idées politiques

 

Un travail de réécriture

Lecture de biographies écrites par les élèves

 

Lecture d'un extrait et discussion

 

Plan de travail

Le plan de travail qui suit laisse percevoir qu'il a suffi de huit heures de cours, rencontre de deux heures comprise, pour travailler cette séquence et sensibiliser les élèves à l'écriture, la publication et au lectorat du roman policier.

Ce déroulement d'une séquence courte après une séquence assez approfondie sur le genre du récit à travers Carmen venait en quelque sorte consolider quelques acquis sur le genre narratif.

Le travail autour de la rencontre a aussi abouti à un résultat non négligeable, celui de souder le groupe de la classe et de générer l'entraide.

Préparer collectivement la rencontre avec un écrivain aura donc permis d'aborder les contenus préconisés par les programmes, de consolider quelques acquis sur les textes narratifs et de favoriser des habitudes de travail et d'échange dans la classe.

 

Semaine 6

*L9/10

*M 10/10

 

**M11/10

 

*V13/10

 

Cours

Aide individ.

Module G2

Cours

 

Cours

 

 

Séquence2. Écrire, publier, lire

Travail sur les commentaires. Correction Devoir 1

 

Ecriture des travaux sur Carmen. Traitement de texte

Travail individuel : écriture d'invention à partir de textes de D. Daeninckx

 

Présentation d'un texte sur le genre du roman policier

Préparation de la rencontre avec D. Daeninckx

 

Lire « Nazis dans le métro » de Daeninckx

 

Noter les centres d'intérêt les difficultés de lecture

Commencer la dissertation sur Carmen

Semaine 7

*L 16/10

 

*M 17/10

 

**M18/10

*V20/10

 

 

Cours

 

Aide individ.

Module G1

Cours

Cours

 

 

Travail de groupes. Préparation de la rencontre avec Didier Daeninckx. Ecriture, genres, édition.

 

Travail sur la langue dans le roman policier

Travail de groupes. Préparation de la rencontre avec Didier Daeninckx. Ecriture, genres, édition.

Rencontre avec Didier Daeninckx.

 

Lire d'autres œuvres de Didier Daeninckx

 

 

 

Poursuivre le travail sur la dissertation sur Carmen

Semaine 8

*L 23/10

*M 24/10

 

**M25/10

*V27/10

 

Cours

Aide individ.

Module G2

Cours

Cours

 

 

 

Que retenir de la rencontre avec D. Daeninckx

 

Travail sur la langue dans le roman policier

Le point sur la dissertation à propos de Carmen

Travail sur la lecture à voix haute

 

Terminer le travail sur la dissertation sur Carmen

 

Réalisation

 

 

 

Qu'est-ce qu'écrire ?

Partie d' interview de Didier Daeninckx

Dossier « Les Cahiers de Colette » Questions motivées à l'auteur

Questionnement de l'auteur

G1

Mickaël,  Pierre-Yves, Antoine

 

Travail à faire

  1. Lire les extraits de l'entretien suivant entre François Maspero et Didier Daeninckx.
  2. Préparer des questions sur les sujets suivants sachant que cette interview date de 1994

L'importance de l'écriture pour Didier Daeninckx.

L'apprentissage de l'écriture.

La construction d'un roman, d'une nouvelle.

La place du lecteur…

  1. Choisir des passages de l'entretien qui illustreraient les questions

Entretien Aubervillers 1994. Extrait de Les Cahiers de Colette

François Maspero.- Le métier d'écrivain : qu'est-ce que cette expression évoque pour vous ?

Didier Daeninckx .- Quand je faisais le métier d'imprimeur, c'était une préoccupation qui se limitait à la journée de travail et elle s'accompagnait toujours d'une aspiration à autre chose. En revanche, le métier d'écrivain tel que je le pratique depuis dix ans se cofond complètement avec ma vie. Je ne fais pas de différence entre ce que je vis et l'écriture. Je sens toujours une nécessité de rencontrer d'abord dans la vie les problèmes qui vont se poser dans le roman. L'écriture et la vie font un bloc. Avant, la vie commençait après le travail. Aujourd'hui, toutes les expériences quotidiennes se confondent : les balades pour aller faire les courses, ce que me raconte ma fille de l'école, la lecture des journaux, la télévision, tout ce que je fais peut devenir de la matière romanesque. C'est une quête à longueur de journée.

F.M.-Mais est-ce un métier qui s'apprend ?

J'ai connu deux moments d'apprentissage de l'écriture.

Le premier se situe en 1977. À l'époque, comme beaucoup de monde, j'étais dans une déprime absolue, je n'arrivais plus à me lever pour aller au travail, la carcasse refusait de suivre le mouvement. Si je m'en suis sorti, c'est en devenant pour la première fois écrivain, et rien que cela, pendant quatre mois. J'ai écrit un très mauvais roman, Mort au premier tour. Ce livre a été avant tout une manière de pouvoir continuer à vivre. Chaque mot que j'écrivais, chaque tiret que je mettais étaient un apprentissage. Je n'avais jamais rien écrit, avant, qui dépassait la page et tout d'un coup je me trouvais affronté à la longue durée : je ne savais pas comment un personnage ouvrait une porte, comment il parlait, comment il prenait la parole, je ne savais pas comment dire les couleurs, comment commencer un chapitre, comment le terminer, bref je ne savais absolument rien faire. Quatre mois d'enfer. Mais je crois que là, j'ai appris véritablement : j'essayais de trouver des solutions et, même si je ne les trouvais pas toujours, au moins les vrais problèmes m'apparaissaient par centaines. Ensuite, le livre est resté inédit pendant cinq ans : il a été refusé par neuf éditeurs avant d'être accepté par le Masque. Pendant ce temps, j'ai totalement arrêté d'écrire. Et quand la publication de mon roman m'a redonné l'envie d'en faire un autre, je me suis aperçu que beaucoup de problèmes étaient résolus. Par la lecture, par le fait que le cerveau continue à travailler. Quantité de choses qui m'apparaissaient insolubles étaient devenues de l'ordre de l'évidence. La peur de la page blanche ne s'est plus posée : je sèche comme tout le monde, mais ce n'est pas un blocage.

Le deuxième moment, c'est en 1985, quand j'ai abordé une autre forme littéraire : la nouvelle. Je n'écrivais pas de nouvelles, on disait que c'est la forme la plus difficile, je croyais que c'était vrai. Un jour, on m'en a demandé une et j'ai mis un mois à écrire une dizaine de pages :  Le Point de vue de la meurtrière, l'histoire d'un poilu de 14-18, dans une casemate, qui voit défiler le monde entier par cette fente étroite. De parvenir à faire entrer le monde entier par la meurtrière et à tout faire tenir dans dix pages, m'a complètement décrispé.

Hors ces deux moments, mon fonctionnement c'est l'obsession. C'est de penser des semaines et des mois à un sujet, des personnages, une histoire, puis de laisser les choses, la vie de tous les jours m'apporter des éléments de réponse, des petits morceaux de scotch entre des personnages… Et quand le roman est prêt dans ma tête, je me mets au travail pour écrire. Il y a des cas où la mise en tête s'est faite en un mois, après quoi le roman s'est écrit dans la foulée. Ou d'autres où, comme maintenant, cela fait trois ans que j'ai un projet de roman, c'est une préoccupation constante.

  1. Préparer l'intervention du 20/10 . Qui lit ? Quels passages de l'interview ? Quelles questions ?

 

 

 

 

 

Qu'est-ce qu'écrire ?

Un fait divers

Ecriture d'un début de nouvelle

Lecture de débuts de nouvelles produites par les élèves

G2a

Corinne, Margot, Baptiste, Domitille

G2b

Emilie, Aurélie, Estelle

G2c

Marie, Fanny, Eléonore, Dorothée

 

Travail à faire.

 

  1. Choisir un fait divers.

 

Une chienne meurt en sauvant deux touristes

Une chienne terre-neuve est morte en sauvant trois touristes de la noyade près de Sartène (Corse-du-Sud). Mauï, âgée de 21 mois, et son maître Pascal Brockly, un Stasbourgeois de 29 ans, s'étaient jetés à l'eau pour porter secours à deux Néerlandais et un Britannique en difficulté à 150 mètres du rivage. La chienne a d'abord ramené deux touristes, que les pompiers ont tirés à terre. En repartant vers le troisième, le terre-neuve, épuisé, a été assommé par les vagues et s'est noyé. Les sauveteurs ont récupéré le touriste.

Journal Libération nº5349 du 31 juillet 1998

 

Une famille criblée de plombs derrière la porte

Cinq personnes, dont deux enfants de 6 à 9 ans, ont été légèrement blessées hier d'un seul coup de feu tiré à travers la porte d'un appartement de Sarcelles (Val-d'Oise). Après avoir échangé des insultes et des coups, les protagonistes ont regagné leurs domiciles, situés sur le même palier. L'un d'eux est revenu avec un fusil de chasse et a tiré une décharge de plombs à travers la porte derrière laquelle se trouvait l'autre famille.

Journal Libération nº5349 du 31 juillet 1998

 

Professeur de lycée, André Agoustin (55 ans) vit depuis plus de dix ans au deuxième étage d'un immeuble, cité La Coupiane à la Valette, près de Toulon. Mercredi soir, il lisait tranquillement en compagnie de sa femme lorsque, vers minuit, il entend des bruits bizarres près de la porte. Des cliquetis, comme si quelqu'un voulait crocheter la serrure. Il n'hésite pas une seconde, saisit sa carabine 22 long rifle, l'arme, s'approche. Comme quelqu'un essaie encore d'introduire une clef, il ouvre la porte brutalement.

Et il reçoit un coup de poing. André Agoustin tire par réflexe et atteint le « cambrioleur » dans l'abdomen.

Celui qu'il croyait être un voleur est, en réalité, son voisin. Franck Delourme habite le même appartement situé juste au-dessus au troisième étage. Le jeune homme s'est tout simplement trompé de niveau. André Agoustin, effondré, comprend immédiatement sa méprise. Il se penche, Franck est mort. Les deux hommes se connaissaient bien et il n'y avait jamais eu le moindre différend entre eux. Le meurtrier a été placé en garde à vue.

  1. Tenter d'en écrire l'incipit à plusieurs en imitant le style de Didier Daeninckx
  2. Noter vos difficultés d'écriture individuelle et collective
  3. Préparer l'intervention du 20/10 . Qui lit ? Quels passages de la nouvelle ? Quelles questions sur les difficultés de l'écriture ?

 

 

 

 

 

Que publier ? Où publier ?

Documents sur le polar, la collection Le Poulpe,

Questionnaire sur l'édition, le genre  et les auteurs

Questionnement de l'auteur et de l'éditeur

G3a

Elodie, Lucie, Fabien

G3b

Pierre, Aurélie, Gabriel

 

Travail à faire

 

1 - Lire les documents

Alors que le roman policier classique semblait figé dans le manichéisme, le roman noir juxtapose des incarnations d'un monde négatif, le gangster et le "privé". L'éthos des personnages baisse. Le héros n'est plus un détective distingué, c'est un hard boiled, un "dur à cuire", solitaire, violent, désabusé, grossier et se trouvant souvent à la limite de la légalité. Il ne résout plus les énigmes de son bureau mais arpente les quartiers mal famés. Le criminel est souvent un professionnel (le tueur à gages) qui ne tue pas pour des raisons personnelles. C'est souvent un policier.

Le roman noir renoue avec les modes d'écriture traditionnels de la littérature fictionnelle. Le développement narratif ne s'oriente pas en ligne continue mais admet des variations rythmiques, l'enchaînement d'épisodes relativement clos et l'insertion d'unités descriptives.

Le détective-aventurier évolue dans un environnement topographique et sociologique diversifié. Son enquête devient ainsi un témoignage sur la spécificité d'une communauté humaine, d'un espace urbain, d'un processus écologique et politique. L'investigation fournit presque toujours un supplément de connaissances à travers une vision insolite et un discours dénonciateur.

Certains traits de style appartiennent en propre au roman noir. Le héros est un marginal, un déraciné; il comprend la gamme entière des sociolectes. L'ouverture du roman noir aux registres de l'oralité et à tout un style de la sobriété et de l'immédiateté prend ici son origine.

Le roman noir américain a suscité en France, alors que la source américaine commençait à se tarir, la naissance du "néo-polar" (terme inventé pour le différencier de la production antérieure par Manchette) à la fin des années 1970. Produit de l'esprit révolutionnaire et anarcho-gauchiste de mai 68, roman de la révolte et de la dénonciation des inégalités sociales, du racisme, des "magouilles" politiques et des bavures policières, le néo- polar se moque que le crime soit élucidé et que justice soit faite. Le crime n'est plus nécessaire, le suspense naît tout entier de la réalité sociale. De nouveaux auteurs comme Manchette, Siniac, Jaouen, Delacorta, Alexandre Varoux et surtout Michel Lebrun bouleversent les règles du genre. L'histoire se modifie, change de décor, rôde autour des H.L.M., s'intéresse aux chômeurs, aux écologistes, prend pour héros des terroristes ou des C.R.S. et pour thème, par exemple, le passé du secrétaire général d'un grand parti de gauche.

Indifférent aux modèles et aux catégories, le néo- polar mêle roman psychologique et roman d'espionnage, chronique politique et chronique sociale.

http://www.cafe.umontreal.ca/genres/n-polar.html

 

 

La collection Le Poulpe

La collection Le Poulpe, pour le texte original, a été lancée en 1995 et a été très bien accueillie, tant par la presse que par les lecteurs. Il s'agit de romans policiers courts écrits par différents auteurs et qui mettent en scène toujours le même personnage "Le Poulpe". Ce dernier va fouiller dans les failles et les désordres apparents du quotidien. C'est un enquêteur assez libertaire mais aussi témoin de notre société et de notre époque.


Didier Daeninckx
interprété par Jean-Marie Fonbonne - 2 K7 - 190mn - 169,00 FF/ 25,76 €


Bertrand Delcour
interprété par Didier Long - 2 K7 - 200 mn - 169,00 FF / 25,76 €


Gérard Delteil
interprété par Marc-Henri Boisse - 2 K7 - 200 mn - 169,00 FF / 25,76 €
interprété par Berland - 2 K7 - 220 mn - 169,00 FF / 25,76 €


Hervé Prudon
interprété par Didier Long - 2 K7 - 160 mn - 169,00 FF / 25,76 €


Jean-Jacques Reboux
interprété par Christian Pélissier - 3 K7 - 250 mn - 179,00 FF / 27,29 €

 

http://www.archisound.com/boutique/livres-lus/policiers/poulpe.shtml

2 - Dans la presse sur Le Poulpe


« Il y a un an, je rencontre un jeune éditeur bicéphale (mais à bosse) qui cherche l'aventure dans le plancton tranquille du polar. Je lui propose un truc, à la fois opérant et convivial, tournant autour de la littérature de gare, vu du côté libertaire du manche. On boit plusieurs coups, on refait le monde et hop c'est parti. Je gratte vaguement un concept pulpeux que Serge Quadruppani et Patrick Raynal, aidés par plusieurs bouteilles de pinard blanc, m'aident à affiner. En avant. On s'y met (Serge finit même avant moi). Au mois de juin, les trois premiers sont prêts. Daeninckx et Simsolo s'y coltinent derechef. Myles Hyman envoie ses mickeys direct from Los Angeles. En plein rentrée littéraire [1995], les titres à la noix du Poulpe ventousent les autres. Matilde Incerti, l'attachée de presse, attaque la face Nord. On connaît la suite. Tentaculaire. La Baleine et Le Poulpe remplacent le Commandant Cousteau dans le coeur des Français. CNPF( Comité Névralgique des Poulpes furieux) vaincra, hasta la victoria siempre ! »

[J.-B. Pouylpe, 813 Les amis de la littérature policière, nº55, mai 1996]

« En fait, c'est le constat de son déclin [la littérature populaire] qui a tout déclenché. Regardez dans les gares par exemple. Aujourd'hui, qu'est-ce que vous trouvez en fait de polars ? Le bas de gamme le plus exécrable : SAS ou L'Exécuteur. Paradoxalement, ce sont les efforts de certains intellectuels pour soutenir le genre et en rehausser le niveau qui ont fini par lui nuire. A force de répéter que la littérature noire est une littérature à part entière – ce qui, entre parenthèses, est une évidence –, elle a fini par perdre la place qui était la sienne.
Ė l'époque des gros tirages, ce qui faisait des titres de la
Série noire une véritable collection populaire, c'est qu'ils étaient lus dans le train, en l'espace de trois heures, entre Paris et Limoges, par des militaires aussi bien que par des PDG ! C'est cet esprit-là que nous voulions retrouver. Parce que nous sentions bien, en lisant par exemple les revues spécialisées, que tout le monde regrettait Vidocq et Arsène Lupin. Parce que le succès de Navarro ou de Julie Lescaut à la télévision crevait les yeux.
Le déclic, ce fut le déferlement suscité par
Pulp fiction, le film de Tarantino. En pleine célébration du cinquantenaire de la Série noire !
Nous aussi nous allions remettre les pulps au goût du jour. A la française. En créant une série de romans noirs populaires dont le héros s'appellerait... Le Poulpe, évidemment !
Dès l'origine, nous avons voulu un héros de gauche. Pour faire le pendant à
SAS ou à L'exécuteur, représentants musclés d'une certaine droite crypto-fasciste...
Mais le Poulpe, c'est d'abord un libertaire, parfaitement capable de titiller les anciens gauchistes, par exemple. »
[
in M. Abescat, Poulpe fiction, Le Monde des poches, 3 février 1996]

http://olivier.roumieux.free.fr/lepoulpe/pouy.html

 

3 - Travailler des questions sur les sujets suivants sachant que cette interview date de 1994

L'origine de la collection.

La construction d'un personnage unique vu par plusieurs auteurs.

L'unité des idées émises dans les divers volumes de la collection

Les conditions de l'édition.

4 - Choisir des passages du document qui illustrerait les questions

5 - Préparer l'intervention du 20/10. Qui lit ? Quels passages du document ? Quelles questions ?

 

 

 

 

 

Comment lire ?

Qui est l'auteur ?

Interview Le Matricule des Anges

Reconstituer une biographie

Lecture de biographies écrites par les élèves

G4

Aude, Bérangère, Mathilde

 

Travail à faire

 

Relire l'interview, poursuivre la biographie individuelle commencée en classe

 

Article paru dans Le Matricule des Anges

Numéro 06 du 15 février / 15 avril 1994

Marginaux, échoués de l'existence, meurtriers, artistes et simples quidams, l'univers de Didier Daeninckx vient de s'enrichir de deux nouveaux recueils de nouvelles. Rencontre avec un observateur attentif.

 

Daeninckx : arpenteur de nos histoires

On pourrait lire les quotidiens avec assiduité, on en saura toujours moins qu'à lire une nouvelle de Didier Daeninckx. Au discours scalpelisé du journaliste qui, derrière les faits, ne voient que des faits, l'écrivain substitue son regard qui perçoit, au-delà de l'événement, la parabole d'une existence, qui offre à l'anodin le refuge d'une mémoire où le moindre détail revêt tout à coup une importance que seuls, nous ne lui aurions jamais accordée. Didier Daeninckx a cette faculté de nous faire ouvrir les yeux, en cela il est aujourd'hui un écrivain subversif. Pour venir à notre rendez-vous, Didier Daeninckx, est passé rue de Flandres, devant un immeuble condamné. Au rez-de-chaussée, un ancien pressing avec écrit sur la devanture : “Nous sommes obligés de fermer. Nous remercions notre aimable clientèle pour 45 ans de fidélité”, d'une écriture frêle, à la main. En arrivant à notre rendez-vous, l'auteur avait déjà l'envie de nous raconter une histoire.

Didier Daeninckx, vous avez quitté la littérature policière avec laquelle vous avez fait vos premièrs pas. Le polar vous a permis de trouver votre voie?

La forme du polar m'a permis en effet d'écrire des romans parce que je pouvais en maîtriser la marche. J'ai besoin, pour écrire, d'être aspiré vers la fin, de savoir ce qui va se passer. Le polar m'a permis de maîtriser les problèmes de structure. Ne restait alors que l'écriture proprement dite.

C'était aussi un moyen de résoudre le problème de la légitimité de celui qui prend la parole?

Aussi. Tous les auteurs qui ont commencé dans la Série noire (Pennac, Delteil…) ne faisaient pas partie du sérail littéraire. Nous n'étions pas dans l'édition. Et le milieu littéraire ne s'occupait pas beaucoup de nous, c'était formidable parce que ça nous donnait beaucoup de liberté. Ce n'est peut-être pas un hasard si les auteurs de la Série noire lorsqu'ils se rendent chez Gallimard doivent descendre au sous-sol, alors que les autres auteurs de la maison, eux, montent à l'étage.

Pourquoi avoir cessé d'écrire de la littérature policière?

Après six textes écrits pour la Série noire j'ai ressenti l'impossibilité de faire fonctionner les personnages avec tout ce qui se passait dans la réalité, les bavures, le vrai-faux passeport... Il me fallait quitter les personnages stéréotypés, échapper aux mécanismes, à des habitudes d'écriture.

Figure habituelle du polar, le journaliste reste très présent dans vos nouvelles. Vous avez une expérience dans ce domaine?

Oui. D'abord, j'ai été ouvrier imprimeur pendant 12 ans avant de prendre une place de localier pendant trois années en Seine Saint-Denis pour un canard qui s'appelait 93 actualité. Chaque semaine j'avais 2 pages à réaliser, articles et photos.

On voit mal aujourd'hui un localier enquêter pour connaître la vie d'une victime d'un accident de la circulation…

C'est qu'il ne font pas leur boulot. Moi, j'essayais de faire des enquêtes. Quand on cherche dans un lieu, on trouve toujours quelque chose à raconter. Par exemple, l'histoire d'Yvonne (personnage de la première nouvelle d'En Marge) vient d'un fait divers sur lequel j'ai travaillé. L'histoire d'une femme amnésique qui est restée pendant 19 mois dans une même station service en bordure d'autoroute. Et le lieu où se passe l'action dans le livre, c'est exactement là que sera implanté le grand stade. Ce carrefour, ce lieu va disparaître. Personne n'avait jamais parlé de cet endroit, a priori anodin, moi j'en parle et j'apprends un peu plus tard qu'il va être rasé. Je suis fier d'avoir sauvé ce lieu, de l'avoir inscrit dans la mémoire.

Autre trace du polar dans vos nouvelles, il y a beaucoup d'enquêtes, de reconstitutions…

Ce qui préside à l'écriture c'est l'enquête. Quand je me mets à écrire tout est prêt. Avant j'ai arpenté un lieu, pris des notes sur place, parfois enregistré sur magnétophone des observations faites sur le motif. Je fais beaucoup de photos aussi. En Angleterre, par exemple, j'ai marché pendant des kilomètres le long d'un canal au nord de Londres. Il y avait des tonnes de choses à voir, à noter. C'était un canal abandonné dont les berges abritaient une multitude de groupes rock. Je me souviens d'avoir vu là-bas une superbe voiture, une jaguar abandonnée avec une caravane, comme ça dans un endroit décalé.

Vous vous intéressez aux gens “en marge”, aux ouvriers, aux banlieusards, aux “petites gens”…

J'ai l'impression qu'il y a tout un modèle de société (société industrielle, héritage du XIXe siècle) qui s'écroule. On détruit des usines, on détruit les banlieues. Il y a aujourd'hui énormément de choses qui sont en train de disparaître. J'ai besoin de fixer ça pour voir ce que ça dit, pour pouvoir continuer. C'est aussi une révolte de ma part, contre l'humiliation que l'on fait subir aux gens. Les S.D.F. d'aujourd'hui, ce sont d'anciens ouvriers, ils ont participé à la société industrielle, ils ont contribué à la faire fonctionner, maintenant il faut qu'ils disparaissent.

De parler de tout ça, de tous ces lieux, de tous ces gens, le simple fait de s'en saisir par l'écriture, de changer le regard, c'est leur donner une dignité.

Donc la plupart des nouvelles sont issues de la réalité ?

Oui, c'est vrai pour beaucoup. mais ce n'est pas du réalisme. Je me nourris de ce que j'ai vu et noté pour faire oeuvre de fiction. Par exemple, Journal sur Seine (nouvelle d'En Marge) est issu des notes prises pour écrire Hors Limites (Julliard).

Vous travaillez l'écriture pour la rendre plus proche du langage de la rue ?

Le simple fait d'être dans les endroits où se passe l'action implique une façon d'écrire qui coule toute seule. J'écris en lisant à voix haute, je joue mon texte pour voir si ça sonne. Quand j'ai commencé à écrire, je me suis fabriqué une sorte de magnétophone et je piratais les conversations dans les bistros, les fêtes foraines. pendant des semaines, j'ai travaillé sur ces enregistrements pour comprendre comment fonctionne ce langage qui en fait est un galimatias incompréhensible...

La dernière nouvelle de En Marge renvoie à la photo de couverture et c'est un choc pour le lecteur, parce que ce visage, en ouvrant le livre, on n'y fait pas attention, et votre dernière phrase nous culpabilise. C'est une idée qui vous est venue comment ?

Je finissais le livre au moment où l'on ne parlait que de Germinal; et voir la gueule de Depardieu, qui avait tourné moyennant quelques millions une pub pour des pâtes, dans le rôle du mineur, ça me semblait une hérésie. Et pas plus qu'on ne peut filmer les camps de concentration, j'ai eu le sentiment qu'on ne pouvait pas filmer ainsi la mine. Le type sur la photo a 47 ans! Il est mort quelques mois après ce cliché de Willy Ronis.

Et puis en plus, renvoyer ainsi le lecteur au début du livre, c'est un clin d'oeil au roman policier.

Propos recueillis par Thierry Guichard

 

© Le Matricule des Anges et les rédacteurs (remerciements pour la reprise ici autorisée par Le Matricule des Anges)

http://www.lmda.net/mat/MAT00621.html

 

Tenter d'écrire une biographie à plusieurs

Noter vos difficultés d'écriture individuelle et collective

Préparer l'intervention du 20/10 . Qui lit ? Quels passages? Quelles questions sur les difficultés de l'écriture ?

 

 

 

Comment lire ?

Que dit l'auteur ?

Nazis dans le métro

Des idées politiques

Lecture d'extraits et discussion

G5

Aurélien, Laurent, Hugo

 

  1. A l'aide de ces quelques critiqueset en choisissant des passages du roman, rédiger un texte personnel développant votre point de vue sur les idées politiques développées dans Nazis dans le métro.

 

Un homme de 78 ans passé à tabac dans un parking et qui émerge d'un coma profond avec un gros trou à la place de la mémoire, c'est un fait divers banal. Mais quand cet homme est André Sloga, écrivain et homme libre, qui préparait un livre sur une affaire d'empoisonnement dans le Poitou, le Poulpe ne peut que s'y intéresser. Et quand il découvre d'autres personnages qui, eux, empoisonnent depuis trop longtemps l'atmosphère du pays, c'est sans douceur qu'il pose ses gros poings d'interrogation sur des crânes rasés. Ex-dissidents déjantés, ex-gauchos bouffés aux mythes antisémites, ex-yougos un petit peu massacreurs et néo-nazis tout à fait nazes, les verts-de-gris grouillent comme vers de vase : le marécage parisien est bien plus dangereux que le marais poitevin.
Mais pour parvenir à ces malfaisants, le Poulpe devra répondre à la question : qui est Max, et quel est ce haut-parleur qui gueule sur la place ?
Par Didier Daeninckx

Le fait divers
AGRESSION EN SOUS-SOL
Un homme a été retrouvé grièvement blessé dans le parking souterrain du 2 de la rue Jeanne d'Arc (13ème arrondissement). Le vol semble être le motif de cette nouvelle agression. La victime, un habitant de l'immeuble, André Sloga, soixante-dix-huit ans, a été conduite dans un coma profond à la Pitié-Salpêtrière.
Le Parisien

"Michel Droit et Alain Peyrefitte se portèrent au secours de leur futur collègue, mais Gabriel Lecouvreur les reçut comme Pedro avait voulu qu'ils le fussent. Une claque retentissante sur la joue de l'un en souvenir de mai 68, un coup de santiag dans l'entrejambe de l'autre, pour venger les éléphants d'Afrique." p.147

Impressions
"Si je devais citer un poulpe raté, il me semble que je parlerais plutôt de Nazis dans le métro, pour du Daeninckx c'est un beau ratage je trouve. Histoire relativement fadasse, reportage moyen, intrigue quasiment inexistante à peine pourrait-on lui attribuer une certaine valeur documentaire...mais bon, le Poulpe c'est quand même du roman aussi et Daeninckx m'avait habitué à mieux..."
Sylvain, Ennery

"De l'usage de "l'Encyclopédie des droites françaises" comme contre-assommoir et non comme référence… Vive le recyclage musclé façon Gabriel !"
Marie-Claude, Paris 12ème

http://perso.respublica.fr/urbancat/librio_noir.3.htm

Un Poulpe dans la lignée du combat contre l'insupportable bête immonde brune, et d'ailleurs contre tous les nationalismes. Le combat pour Gabriel Lecouvreur ne s'arrête pas seulement aux crânes rasés et autres rangers, il doit atteindre les têtes pensantes et les diffuseurs de la pensée dangereuse. Nazi dans le métro de Didier Daeninckx Nº 222

http://patangel.free.fr/ours-polar/lectures/d/daenin02.htm

Didier Daeninckx
Nazis dans le métro
Editions Baleine, 1996.

André Sloga, écrivain mais surtout "homme libre" est passé à tabac dans le parking sous-terrain de son immeuble. Il oscille entre la vie et la mort. Le poulpe, admirateur de l'homme et son oeuvre décide d'aller le voir à l'hôpital. Peine perdue, il n'y arrive pas. Mais il apprend que Sloga ne cesse de répéter "le haut-parleur de la place", "le banc", "Max". Drôle de point de départ pour une enquête. Mais rapidement Le poulpe récupère un livre qu'avait commandé Sloga chez un bouquiniste, ainsi qu'une épreuve du manuscrit sur lequel il travaillait. Le voici parti pour le marais poitevin où tout se trame. Entre vengeance, magouilles et gauchos recyclés à l'extrême-droite, il aura fort à faire.

Didier Daeninckx lève le voile sur les retournements politiques, sur les rouges qui virent au brun et une fois de plus, ça fait froid dans le dos.

 

  1. Mettre en commun vos idées et tenter de construire le profil politique de l'auteur.
  2. Préparer l'intervention du 20/10 . Qui lit ? Quels passages? Quelles questions sur l'engagement politique ?

 

 

Comment lire ?

Comment dit-il ce qu'il a à dire ?

 

Nazis dans le métro

Un travail de réécriture

G6a

Julie, Rose, Aurélie

G6b

Annaël, Julie, Adeline

G6c

Charles, Anne-Laure, Arnauld

 

 

Travail à faire

 

  1. Choisir plusieurs passages dans le roman que vous souhaiteriez réécrire. (Un portrait, un paysage, une scène, un dialogue…)
  2. Travaux de réécriture

 

Dans l'incipit du roman Nazis dans le métro, transformez André Sloga, 78 ans, en un paisible octogénaire, Français moyen, content de son sort et satisfait de lui-même.

Faites du narrateur un personnage qui adore les villages du marais poitevin. (p. 37 Collection Librio)

 

  1. Mettre en commun et choisir un des deux passages pour le groupe.
  2. Travailler la lecture orale, si possible à deux voix
  3. Préparer l'intervention du 20/10 . Qui lit ? Quels passages ? Provoquer les réactions de l'auteur en montrant comment vous avez débusqué ses idées dominantes.

 

Après la rencontre

Chaque élève a pu écrire à Didier Daeninckx, librement ou suivant le modèle ci-dessous et le professeur a reçu cette réponse de l'écrivain. Preuve qu'un livre a encore du pouvoir !

 

 

Lycée Sévigné

Cesson-Sévigné

 

Après la rencontre du 20 octobre 2000.

Courrier à Didier Daeninckx

Nom et Prénom :

Voici l'idée que j'ai retenue de la discussion que nous avons eue :

 

Voici l'anecdote que j'ai retenue parmi celles que vous avez racontées :

 

Voici ce que je retiens de vos livres et de votre façon d'écrire :

 

Un mot de Didier Daeninckx au professeur

Bonjour,

J'ai lu les réactions de tes élèves ; j'ai le sentiment que la rencontre n'a pas été inutile.

C. m'apprend que Nazis dans le métro a choqué un élève et que le livre a été retiré d'un CDI… Je ne vois pas ce qui peut être attentatoire aux bonnes m…urs dans mon livre. Le retrait doit porter sur le contenu même du livre. En tout état de cause, c'est une décision scandaleuse, mais ce n'est hélas pas la première fois que mes livres sont mis à l'index : on vient de me signaler qu'un titre pour enfants, Le chat de Tigali avait valu des ennuis à une instit de N. qui l'avait mis au programme de sa classe. Le discours antiraciste choquait quelques parents encartés au Front National dont les scores avoisinent les 40 points dans cette douce campagne de France.

Ce qui confirme qu'il faut, constamment, laisser la lumière allumée !

Bien à toi.

DD

 


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