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Yvon Logéat, professeur de Lettres, a reçu l'écrivain Didier Daeninckx dans sa classe de Seconde au Lycée Sévigné de Cesson-Sévigné.
Nous le remercions de nous permettre de publier ce travail.
Texte mis en ligne le 16 février 2003.
Autres textes dans la même série :
Jean-Claude Pirotte dans la classe.
Jean-Pierre Abraham dans la classe.
Hélène Cixous dans la classe.
© : Yvon Logéat.
Les pages qui suivent sont constituées de documents rassemblés qui ont servi à l'organisation d'une courte séquence s'appliquant à l'objet d'étude proposé de façon optionnelle par les programmes de lycée : Écrire, publier, lire.
Il était tentant de profiter de la préparation de la venue de Didier Daeninckx dans une classe de seconde en octobre 2000 pour traiter de cet objet d'étude.
Nous nous sommes contentés ici de présenter le déroulement de la séquence dans une classe de seconde et les travaux prévus. La réalisation de ces travaux aboutit effectivement à la rencontre avec l'écrivain et s'est déroulée suivant le plan prévu, Didier Daeninckx s'étant prêté à notre jeu.
On notera que les références à des revues littéraires ou à des sites internet sont toujours actuelles et peuvent permettre un travail dans une classe sans qu'il soit fait appel à l'écrivain.
Deux objectifs dans la séquence
- Travailler sur l'objet d'étude « Écrire, publier, lire aujourd'hui »
- Animer la rencontre avec l'auteur sur les problèmes de l'écriture, de la publication, de la lecture.
Perspectives
Les perspectives ont été proposées par le professeur qui avait réuni la documentation nécessaire dont on retrouvera les éléments et les sources ci-dessous.
Rencontre avec Didier Daeninckx |
Document |
Travaux préparatoires |
Activité |
Qu'est-ce
qu'écrire ? |
Partie d'interview de Didier Daeninckx Dossier « Les
Cahiers de Colette » Un fait divers écrit dans
Libération |
Questions motivées à l'auteur Écriture d'une fin de nouvelle |
Questionnement de l'auteur Lecture de nouvelles produites par les élèves |
Que publier ? Où publier ? |
Documents sur la collection Le Poulpe Le polar |
Questionnaire sur l'édition et les auteurs |
Questionnement de l'auteur |
Comment lire ? Qui est l'auteur ? Que dit-il ? Comment le dit-il ? |
Interview Le Matricule des Anges Nazis dans le métro Nouvelles extraites de Main courante |
Reconstituer une biographie Des idées politiques Un travail de réécriture |
Lecture de biographies écrites par les élèves Lecture d'un extrait et discussion |
Plan de travail
Le plan de travail qui suit laisse percevoir qu'il a suffi de huit heures de cours, rencontre de deux heures comprise, pour travailler cette séquence et sensibiliser les élèves à l'écriture, la publication et au lectorat du roman policier.
Ce déroulement d'une séquence courte après une séquence assez approfondie sur le genre du récit à travers Carmen venait en quelque sorte consolider quelques acquis sur le genre narratif.
Le travail autour de la rencontre a aussi abouti à un résultat non négligeable, celui de souder le groupe de la classe et de générer l'entraide.
Préparer collectivement la rencontre avec un écrivain aura donc permis d'aborder les contenus préconisés par les programmes, de consolider quelques acquis sur les textes narratifs et de favoriser des habitudes de travail et d'échange dans la classe.
Semaine 6 *L9/10 *M 10/10 **M11/10 *V13/10 |
Cours Aide individ. Module G2 Cours Cours |
Séquence2. Écrire, publier, lire Travail sur les commentaires. Correction Devoir 1 Ecriture des travaux sur Carmen. Traitement de texte Travail individuel : écriture d'invention à partir de textes de D. Daeninckx Présentation d'un texte sur le genre du roman policier Préparation
de la rencontre avec D. Daeninckx |
Lire « Nazis dans le métro » de Daeninckx Noter les centres d'intérêt les difficultés de lecture Commencer la dissertation sur Carmen |
Semaine 7 *L 16/10 *M 17/10 **M18/10 *V20/10 |
Cours Aide individ. Module G1 Cours Cours |
Travail de groupes. Préparation de la rencontre avec Didier Daeninckx. Ecriture, genres, édition. Travail sur la langue dans le roman policier Travail de groupes. Préparation de la rencontre avec Didier Daeninckx. Ecriture, genres, édition. Rencontre avec Didier Daeninckx. |
Lire d'autres œuvres de Didier Daeninckx Poursuivre le travail sur la dissertation sur Carmen |
Semaine 8 *L 23/10 *M 24/10 **M25/10 *V27/10 |
Cours Aide individ. Module G2 Cours Cours |
Que retenir de la rencontre avec D. Daeninckx Travail sur la langue dans le roman policier Le point sur la dissertation à propos de Carmen Travail sur la lecture à voix haute |
Terminer le travail sur la dissertation sur Carmen |
Réalisation
Qu'est-ce qu'écrire ?
Partie d' interview de Didier Daeninckx
Dossier « Les Cahiers de Colette » Questions motivées à l'auteur
Questionnement de l'auteur
G1
Mickaël, Pierre-Yves, Antoine
Travail à faire
L'importance
de l'écriture pour Didier Daeninckx.
L'apprentissage de
l'écriture.
La construction d'un
roman, d'une nouvelle.
La place du lecteur…
Entretien Aubervillers 1994. Extrait de Les Cahiers de
Colette
François Maspero.- Le
métier d'écrivain : qu'est-ce que cette expression évoque pour vous ?
Didier Daeninckx .- Quand je faisais le métier d'imprimeur, c'était une préoccupation qui se limitait à la journée de travail et elle s'accompagnait toujours d'une aspiration à autre chose. En revanche, le métier d'écrivain tel que je le pratique depuis dix ans se cofond complètement avec ma vie. Je ne fais pas de différence entre ce que je vis et l'écriture. Je sens toujours une nécessité de rencontrer d'abord dans la vie les problèmes qui vont se poser dans le roman. L'écriture et la vie font un bloc. Avant, la vie commençait après le travail. Aujourd'hui, toutes les expériences quotidiennes se confondent : les balades pour aller faire les courses, ce que me raconte ma fille de l'école, la lecture des journaux, la télévision, tout ce que je fais peut devenir de la matière romanesque. C'est une quête à longueur de journée.
F.M.-Mais est-ce
un métier qui s'apprend ?
J'ai connu deux moments d'apprentissage de l'écriture.
Le premier se situe en 1977. À l'époque, comme beaucoup de monde, j'étais dans une déprime absolue, je n'arrivais plus à me lever pour aller au travail, la carcasse refusait de suivre le mouvement. Si je m'en suis sorti, c'est en devenant pour la première fois écrivain, et rien que cela, pendant quatre mois. J'ai écrit un très mauvais roman, Mort au premier tour. Ce livre a été avant tout une manière de pouvoir continuer à vivre. Chaque mot que j'écrivais, chaque tiret que je mettais étaient un apprentissage. Je n'avais jamais rien écrit, avant, qui dépassait la page et tout d'un coup je me trouvais affronté à la longue durée : je ne savais pas comment un personnage ouvrait une porte, comment il parlait, comment il prenait la parole, je ne savais pas comment dire les couleurs, comment commencer un chapitre, comment le terminer, bref je ne savais absolument rien faire. Quatre mois d'enfer. Mais je crois que là, j'ai appris véritablement : j'essayais de trouver des solutions et, même si je ne les trouvais pas toujours, au moins les vrais problèmes m'apparaissaient par centaines. Ensuite, le livre est resté inédit pendant cinq ans : il a été refusé par neuf éditeurs avant d'être accepté par le Masque. Pendant ce temps, j'ai totalement arrêté d'écrire. Et quand la publication de mon roman m'a redonné l'envie d'en faire un autre, je me suis aperçu que beaucoup de problèmes étaient résolus. Par la lecture, par le fait que le cerveau continue à travailler. Quantité de choses qui m'apparaissaient insolubles étaient devenues de l'ordre de l'évidence. La peur de la page blanche ne s'est plus posée : je sèche comme tout le monde, mais ce n'est pas un blocage.
Le deuxième moment, c'est en 1985, quand j'ai abordé une autre forme littéraire : la nouvelle. Je n'écrivais pas de nouvelles, on disait que c'est la forme la plus difficile, je croyais que c'était vrai. Un jour, on m'en a demandé une et j'ai mis un mois à écrire une dizaine de pages : Le Point de vue de la meurtrière, l'histoire d'un poilu de 14-18, dans une casemate, qui voit défiler le monde entier par cette fente étroite. De parvenir à faire entrer le monde entier par la meurtrière et à tout faire tenir dans dix pages, m'a complètement décrispé.
Hors ces deux moments, mon fonctionnement c'est l'obsession. C'est de penser des semaines et des mois à un sujet, des personnages, une histoire, puis de laisser les choses, la vie de tous les jours m'apporter des éléments de réponse, des petits morceaux de scotch entre des personnages… Et quand le roman est prêt dans ma tête, je me mets au travail pour écrire. Il y a des cas où la mise en tête s'est faite en un mois, après quoi le roman s'est écrit dans la foulée. Ou d'autres où, comme maintenant, cela fait trois ans que j'ai un projet de roman, c'est une préoccupation constante.
Qu'est-ce qu'écrire ?
Un fait divers
Ecriture d'un début de nouvelle
Lecture de débuts de nouvelles produites par les élèves
G2a
Corinne, Margot, Baptiste, Domitille
G2b
Emilie, Aurélie, Estelle
G2c
Marie, Fanny, Eléonore, Dorothée
Travail à faire.
Une chienne meurt en sauvant deux touristes
Une chienne
terre-neuve est morte en sauvant trois touristes de la noyade près de Sartène
(Corse-du-Sud). Mauï, âgée de 21 mois, et son maître Pascal Brockly, un
Stasbourgeois de 29 ans, s'étaient jetés à l'eau pour porter secours à deux
Néerlandais et un Britannique en difficulté à 150 mètres du rivage. La chienne
a d'abord ramené deux touristes, que les pompiers ont tirés à terre. En
repartant vers le troisième, le terre-neuve, épuisé, a été assommé par les vagues
et s'est noyé. Les sauveteurs ont récupéré le touriste.
Journal Libération nº5349 du 31 juillet 1998
Une famille criblée de plombs derrière la porte
Cinq personnes, dont
deux enfants de 6 à 9 ans, ont été légèrement blessées hier d'un seul coup de
feu tiré à travers la porte d'un appartement de Sarcelles (Val-d'Oise). Après
avoir échangé des insultes et des coups, les protagonistes ont regagné leurs
domiciles, situés sur le même palier. L'un d'eux est revenu avec un fusil de
chasse et a tiré une décharge de plombs à travers la porte derrière laquelle se
trouvait l'autre famille.
Journal Libération nº5349 du 31 juillet 1998
Professeur de lycée,
André Agoustin (55 ans) vit depuis plus de dix ans au deuxième étage d'un
immeuble, cité La Coupiane à la Valette, près de Toulon. Mercredi soir, il
lisait tranquillement en compagnie de sa femme lorsque, vers minuit, il entend
des bruits bizarres près de la porte. Des cliquetis, comme si quelqu'un voulait
crocheter la serrure. Il n'hésite pas une seconde, saisit sa carabine 22 long
rifle, l'arme, s'approche. Comme quelqu'un essaie encore d'introduire une clef,
il ouvre la porte brutalement.
Et il reçoit un coup de poing. André Agoustin tire par réflexe et atteint le « cambrioleur » dans l'abdomen.
Celui qu'il croyait être un voleur est, en réalité, son voisin. Franck Delourme habite le même appartement situé juste au-dessus au troisième étage. Le jeune homme s'est tout simplement trompé de niveau. André Agoustin, effondré, comprend immédiatement sa méprise. Il se penche, Franck est mort. Les deux hommes se connaissaient bien et il n'y avait jamais eu le moindre différend entre eux. Le meurtrier a été placé en garde à vue.
Que publier ? Où publier ?
Documents sur le polar, la collection Le Poulpe,
Questionnaire sur l'édition, le genre et les auteurs
Questionnement de l'auteur et de l'éditeur
G3a
Elodie, Lucie, Fabien
G3b
Pierre, Aurélie, Gabriel
Travail à faire
1 - Lire les documents
Alors que le roman policier classique semblait figé dans le manichéisme, le roman noir juxtapose des incarnations d'un monde négatif, le gangster et le "privé". L'éthos des personnages baisse. Le héros n'est plus un détective distingué, c'est un hard boiled, un "dur à cuire", solitaire, violent, désabusé, grossier et se trouvant souvent à la limite de la légalité. Il ne résout plus les énigmes de son bureau mais arpente les quartiers mal famés. Le criminel est souvent un professionnel (le tueur à gages) qui ne tue pas pour des raisons personnelles. C'est souvent un policier.
Le roman noir renoue avec les modes d'écriture traditionnels de la littérature fictionnelle. Le développement narratif ne s'oriente pas en ligne continue mais admet des variations rythmiques, l'enchaînement d'épisodes relativement clos et l'insertion d'unités descriptives.
Le détective-aventurier évolue dans un environnement topographique et sociologique diversifié. Son enquête devient ainsi un témoignage sur la spécificité d'une communauté humaine, d'un espace urbain, d'un processus écologique et politique. L'investigation fournit presque toujours un supplément de connaissances à travers une vision insolite et un discours dénonciateur.
Certains traits de style appartiennent en propre au roman noir. Le héros est un marginal, un déraciné; il comprend la gamme entière des sociolectes. L'ouverture du roman noir aux registres de l'oralité et à tout un style de la sobriété et de l'immédiateté prend ici son origine.
Le roman noir américain a suscité en France, alors que la source américaine commençait à se tarir, la naissance du "néo-polar" (terme inventé pour le différencier de la production antérieure par Manchette) à la fin des années 1970. Produit de l'esprit révolutionnaire et anarcho-gauchiste de mai 68, roman de la révolte et de la dénonciation des inégalités sociales, du racisme, des "magouilles" politiques et des bavures policières, le néo- polar se moque que le crime soit élucidé et que justice soit faite. Le crime n'est plus nécessaire, le suspense naît tout entier de la réalité sociale. De nouveaux auteurs comme Manchette, Siniac, Jaouen, Delacorta, Alexandre Varoux et surtout Michel Lebrun bouleversent les règles du genre. L'histoire se modifie, change de décor, rôde autour des H.L.M., s'intéresse aux chômeurs, aux écologistes, prend pour héros des terroristes ou des C.R.S. et pour thème, par exemple, le passé du secrétaire général d'un grand parti de gauche.
Indifférent aux modèles et aux catégories, le néo- polar mêle roman psychologique et roman d'espionnage, chronique politique et chronique sociale.
http://www.cafe.umontreal.ca/genres/n-polar.html
La collection Le Poulpe
La collection Le Poulpe, pour le texte original, a été lancée en
1995 et a été très bien accueillie, tant par la presse que par les lecteurs. Il
s'agit de romans policiers courts écrits par différents auteurs et qui mettent
en scène toujours le même personnage "Le Poulpe". Ce dernier va
fouiller dans les failles et les désordres apparents du quotidien. C'est un enquêteur
assez libertaire mais aussi témoin de notre société et de notre époque.
Didier Daeninckx
interprété par Jean-Marie Fonbonne - 2 K7 - 190mn - 169,00 FF/ 25,76 €
Bertrand Delcour
interprété par Didier Long - 2 K7 - 200 mn - 169,00 FF / 25,76 €
Gérard Delteil
interprété par Marc-Henri Boisse - 2 K7 - 200 mn - 169,00 FF / 25,76 €
interprété par Berland - 2 K7 - 220 mn - 169,00 FF / 25,76 €
Hervé Prudon
interprété par Didier Long - 2 K7 - 160 mn - 169,00 FF / 25,76 €
Jean-Jacques Reboux
interprété par Christian Pélissier - 3 K7 - 250 mn - 179,00 FF / 27,29 €
http://www.archisound.com/boutique/livres-lus/policiers/poulpe.shtml
2 - Dans la presse sur Le
Poulpe
« Il y a un an, je rencontre un jeune éditeur bicéphale (mais à bosse) qui
cherche l'aventure dans le plancton tranquille du polar. Je lui propose un
truc, à la fois opérant et convivial, tournant autour de la littérature de
gare, vu du côté libertaire du manche. On boit plusieurs coups, on refait le
monde et hop c'est parti. Je gratte vaguement un concept pulpeux que Serge
Quadruppani et Patrick Raynal, aidés par plusieurs bouteilles de pinard blanc,
m'aident à affiner. En avant. On s'y met (Serge finit même avant moi). Au mois
de juin, les trois premiers sont prêts. Daeninckx et Simsolo s'y coltinent
derechef. Myles Hyman envoie ses mickeys direct from Los Angeles. En plein
rentrée littéraire [1995], les titres à la noix du Poulpe ventousent les
autres. Matilde Incerti, l'attachée de presse, attaque la face Nord. On connaît
la suite. Tentaculaire. La Baleine et Le Poulpe remplacent le Commandant
Cousteau dans le coeur des Français. CNPF( Comité Névralgique des Poulpes
furieux) vaincra, hasta la victoria siempre ! »
[J.-B. Pouylpe, 813 Les amis de la littérature policière, nº55, mai 1996]
« En fait, c'est le constat de son déclin [la
littérature populaire] qui a tout déclenché. Regardez dans les gares par
exemple. Aujourd'hui, qu'est-ce que vous trouvez en fait de polars ? Le
bas de gamme le plus exécrable : SAS ou
L'Exécuteur. Paradoxalement, ce
sont les efforts de certains intellectuels pour soutenir le genre et en rehausser
le niveau qui ont fini par lui nuire. A force de répéter que la littérature
noire est une littérature à part entière – ce qui, entre parenthèses, est
une évidence –, elle a fini par perdre la place qui était la sienne.
Ė l'époque des gros tirages, ce qui faisait des titres de la Série
noire une véritable collection populaire,
c'est qu'ils étaient lus dans le train, en l'espace de trois heures, entre
Paris et Limoges, par des militaires aussi bien que par des PDG ! C'est
cet esprit-là que nous voulions retrouver. Parce que nous sentions bien, en
lisant par exemple les revues spécialisées, que tout le monde regrettait Vidocq
et Arsène Lupin. Parce que le succès de Navarro ou de Julie Lescaut à la
télévision crevait les yeux.
Le déclic, ce fut le déferlement suscité par Pulp fiction, le film de Tarantino. En pleine célébration du
cinquantenaire de la Série noire !
Nous aussi nous allions remettre les pulps au goût du jour. A la française. En
créant une série de romans noirs populaires dont le héros s'appellerait... Le
Poulpe, évidemment !
Dès l'origine, nous avons voulu un héros de gauche. Pour faire le pendant à SAS
ou à L'exécuteur, représentants musclés d'une certaine droite
crypto-fasciste...
Mais le Poulpe, c'est d'abord un libertaire, parfaitement capable de titiller
les anciens gauchistes, par exemple. »
[in M. Abescat, Poulpe fiction, Le
Monde des poches, 3 février 1996]
http://olivier.roumieux.free.fr/lepoulpe/pouy.html
3 - Travailler des questions sur les sujets suivants
sachant que cette interview date de 1994
L'origine de la collection.
La construction d'un personnage unique vu par plusieurs auteurs.
L'unité des idées émises dans les divers volumes de la collection
Les conditions de l'édition.
4 - Choisir des passages du document qui illustrerait les
questions
5 - Préparer l'intervention du 20/10. Qui lit ?
Quels passages du document ? Quelles questions ?
Comment lire ?
Qui est l'auteur ?
Interview Le Matricule des Anges
Reconstituer une biographie
Lecture de biographies
écrites par les élèves
G4
Aude, Bérangère, Mathilde
Travail à faire
Relire l'interview, poursuivre la biographie individuelle
commencée en classe
Article paru dans Le Matricule des Anges
Numéro 06 du 15 février / 15 avril 1994
Marginaux, échoués de l'existence, meurtriers, artistes et simples quidams, l'univers de Didier Daeninckx vient de s'enrichir de deux nouveaux recueils de nouvelles. Rencontre avec un observateur attentif.
Daeninckx : arpenteur de nos histoires
On pourrait lire les quotidiens avec assiduité, on en saura toujours moins qu'à lire une nouvelle de Didier Daeninckx. Au discours scalpelisé du journaliste qui, derrière les faits, ne voient que des faits, l'écrivain substitue son regard qui perçoit, au-delà de l'événement, la parabole d'une existence, qui offre à l'anodin le refuge d'une mémoire où le moindre détail revêt tout à coup une importance que seuls, nous ne lui aurions jamais accordée. Didier Daeninckx a cette faculté de nous faire ouvrir les yeux, en cela il est aujourd'hui un écrivain subversif. Pour venir à notre rendez-vous, Didier Daeninckx, est passé rue de Flandres, devant un immeuble condamné. Au rez-de-chaussée, un ancien pressing avec écrit sur la devanture : “Nous sommes obligés de fermer. Nous remercions notre aimable clientèle pour 45 ans de fidélité”, d'une écriture frêle, à la main. En arrivant à notre rendez-vous, l'auteur avait déjà l'envie de nous raconter une histoire.
Didier Daeninckx, vous avez quitté la littérature policière avec laquelle vous avez fait vos premièrs pas. Le polar vous a permis de trouver votre voie?
La forme du polar m'a permis en effet d'écrire des romans parce que je pouvais en maîtriser la marche. J'ai besoin, pour écrire, d'être aspiré vers la fin, de savoir ce qui va se passer. Le polar m'a permis de maîtriser les problèmes de structure. Ne restait alors que l'écriture proprement dite.
C'était aussi un moyen de résoudre le problème de la légitimité de celui qui prend la parole?
Aussi. Tous les auteurs qui ont commencé dans la Série noire (Pennac, Delteil…) ne faisaient pas partie du sérail littéraire. Nous n'étions pas dans l'édition. Et le milieu littéraire ne s'occupait pas beaucoup de nous, c'était formidable parce que ça nous donnait beaucoup de liberté. Ce n'est peut-être pas un hasard si les auteurs de la Série noire lorsqu'ils se rendent chez Gallimard doivent descendre au sous-sol, alors que les autres auteurs de la maison, eux, montent à l'étage.
Pourquoi avoir cessé d'écrire de la littérature policière?
Après six textes écrits pour la Série noire j'ai ressenti l'impossibilité de faire fonctionner les personnages avec tout ce qui se passait dans la réalité, les bavures, le vrai-faux passeport... Il me fallait quitter les personnages stéréotypés, échapper aux mécanismes, à des habitudes d'écriture.
Figure habituelle du polar, le journaliste reste très présent dans vos nouvelles. Vous avez une expérience dans ce domaine?
Oui. D'abord, j'ai été ouvrier imprimeur pendant 12 ans avant de prendre une place de localier pendant trois années en Seine Saint-Denis pour un canard qui s'appelait 93 actualité. Chaque semaine j'avais 2 pages à réaliser, articles et photos.
On voit mal aujourd'hui un localier enquêter pour connaître la vie d'une victime d'un accident de la circulation…
C'est qu'il ne font pas leur boulot. Moi, j'essayais de faire des enquêtes. Quand on cherche dans un lieu, on trouve toujours quelque chose à raconter. Par exemple, l'histoire d'Yvonne (personnage de la première nouvelle d'En Marge) vient d'un fait divers sur lequel j'ai travaillé. L'histoire d'une femme amnésique qui est restée pendant 19 mois dans une même station service en bordure d'autoroute. Et le lieu où se passe l'action dans le livre, c'est exactement là que sera implanté le grand stade. Ce carrefour, ce lieu va disparaître. Personne n'avait jamais parlé de cet endroit, a priori anodin, moi j'en parle et j'apprends un peu plus tard qu'il va être rasé. Je suis fier d'avoir sauvé ce lieu, de l'avoir inscrit dans la mémoire.
Autre trace du polar dans vos nouvelles, il y a beaucoup d'enquêtes, de reconstitutions…
Ce qui préside à l'écriture c'est l'enquête. Quand je me mets à écrire tout est prêt. Avant j'ai arpenté un lieu, pris des notes sur place, parfois enregistré sur magnétophone des observations faites sur le motif. Je fais beaucoup de photos aussi. En Angleterre, par exemple, j'ai marché pendant des kilomètres le long d'un canal au nord de Londres. Il y avait des tonnes de choses à voir, à noter. C'était un canal abandonné dont les berges abritaient une multitude de groupes rock. Je me souviens d'avoir vu là-bas une superbe voiture, une jaguar abandonnée avec une caravane, comme ça dans un endroit décalé.
Vous vous intéressez aux gens “en marge”, aux ouvriers, aux banlieusards, aux “petites gens”…
J'ai l'impression qu'il y a tout un modèle de société (société industrielle, héritage du XIXe siècle) qui s'écroule. On détruit des usines, on détruit les banlieues. Il y a aujourd'hui énormément de choses qui sont en train de disparaître. J'ai besoin de fixer ça pour voir ce que ça dit, pour pouvoir continuer. C'est aussi une révolte de ma part, contre l'humiliation que l'on fait subir aux gens. Les S.D.F. d'aujourd'hui, ce sont d'anciens ouvriers, ils ont participé à la société industrielle, ils ont contribué à la faire fonctionner, maintenant il faut qu'ils disparaissent.
De parler de tout ça, de tous ces lieux, de tous ces gens, le simple fait de s'en saisir par l'écriture, de changer le regard, c'est leur donner une dignité.
Donc la plupart des nouvelles sont issues de la réalité ?
Oui, c'est vrai pour beaucoup. mais ce n'est pas du réalisme. Je me nourris de ce que j'ai vu et noté pour faire oeuvre de fiction. Par exemple, Journal sur Seine (nouvelle d'En Marge) est issu des notes prises pour écrire Hors Limites (Julliard).
Vous travaillez l'écriture pour la rendre plus proche du langage de la rue ?
Le simple fait d'être dans les endroits où se passe l'action implique une façon d'écrire qui coule toute seule. J'écris en lisant à voix haute, je joue mon texte pour voir si ça sonne. Quand j'ai commencé à écrire, je me suis fabriqué une sorte de magnétophone et je piratais les conversations dans les bistros, les fêtes foraines. pendant des semaines, j'ai travaillé sur ces enregistrements pour comprendre comment fonctionne ce langage qui en fait est un galimatias incompréhensible...
La dernière nouvelle de En Marge renvoie à la photo de couverture et c'est un choc pour le lecteur, parce que ce visage, en ouvrant le livre, on n'y fait pas attention, et votre dernière phrase nous culpabilise. C'est une idée qui vous est venue comment ?
Je finissais le livre au moment où l'on ne parlait que de Germinal; et voir la gueule de Depardieu, qui avait tourné moyennant quelques millions une pub pour des pâtes, dans le rôle du mineur, ça me semblait une hérésie. Et pas plus qu'on ne peut filmer les camps de concentration, j'ai eu le sentiment qu'on ne pouvait pas filmer ainsi la mine. Le type sur la photo a 47 ans! Il est mort quelques mois après ce cliché de Willy Ronis.
Et puis en plus, renvoyer ainsi le lecteur au début du livre, c'est un clin d'oeil au roman policier.
Propos recueillis par Thierry Guichard
© Le Matricule des Anges et les rédacteurs (remerciements pour la reprise ici autorisée par Le Matricule des Anges)
http://www.lmda.net/mat/MAT00621.html
Tenter d'écrire une biographie à plusieurs
Noter vos difficultés d'écriture individuelle et
collective
Préparer l'intervention du 20/10 . Qui lit ? Quels
passages? Quelles questions sur les difficultés de l'écriture ?
Comment lire ?
Que dit l'auteur ?
Nazis dans le métro
Des idées politiques
Lecture d'extraits et
discussion
G5
Aurélien, Laurent, Hugo
Un homme
de 78 ans passé à tabac dans un parking et qui émerge d'un coma profond avec
un gros trou à la place de la mémoire, c'est un fait divers banal. Mais quand
cet homme est André Sloga, écrivain et homme libre, qui préparait un livre
sur une affaire d'empoisonnement dans le Poitou, le Poulpe ne peut que s'y
intéresser. Et quand il découvre d'autres personnages qui, eux, empoisonnent
depuis trop longtemps l'atmosphère du pays, c'est sans douceur qu'il pose ses
gros poings d'interrogation sur des crânes rasés. Ex-dissidents déjantés,
ex-gauchos bouffés aux mythes antisémites, ex-yougos un petit peu massacreurs
et néo-nazis tout à fait nazes, les verts-de-gris grouillent comme vers de
vase : le marécage parisien est bien plus dangereux que le marais poitevin. |
http://perso.respublica.fr/urbancat/librio_noir.3.htm |
http://patangel.free.fr/ours-polar/lectures/d/daenin02.htm |
Comment lire ?
Comment dit-il ce qu'il a à dire ?
Nazis dans le métro
Un travail de réécriture
G6a
Julie, Rose, Aurélie
G6b
Annaël, Julie, Adeline
G6c
Charles, Anne-Laure,
Arnauld
Travail à faire
Dans l'incipit du roman Nazis dans le métro, transformez André Sloga, 78 ans, en un paisible
octogénaire, Français moyen, content de son sort et satisfait de lui-même.
Faites du narrateur un personnage qui adore les villages
du marais poitevin. (p. 37 Collection Librio)
Après la rencontre
Chaque élève a pu écrire à Didier Daeninckx, librement ou suivant le modèle ci-dessous et le professeur a reçu cette réponse de l'écrivain. Preuve qu'un livre a encore du pouvoir !
Lycée Sévigné
Cesson-Sévigné
Après la rencontre du 20 octobre 2000.
Nom et Prénom :
Voici l'idée que j'ai retenue de la discussion que nous avons eue :
Voici l'anecdote que j'ai retenue parmi celles que vous avez racontées :
Voici ce que je retiens de vos livres et de votre façon
d'écrire :
Bonjour,
J'ai lu les réactions de tes élèves ; j'ai le sentiment que la rencontre n'a pas été inutile.
C. m'apprend que Nazis dans le métro a choqué un élève et que le livre a été retiré d'un CDI… Je ne vois pas ce qui peut être attentatoire aux bonnes m…urs dans mon livre. Le retrait doit porter sur le contenu même du livre. En tout état de cause, c'est une décision scandaleuse, mais ce n'est hélas pas la première fois que mes livres sont mis à l'index : on vient de me signaler qu'un titre pour enfants, Le chat de Tigali avait valu des ennuis à une instit de N. qui l'avait mis au programme de sa classe. Le discours antiraciste choquait quelques parents encartés au Front National dont les scores avoisinent les 40 points dans cette douce campagne de France.
Ce qui confirme qu'il faut, constamment, laisser la lumière allumée !
Bien à toi.
DD