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Cours sur le thème de l'amitié.
Mis en ligne le 25 septembre 2001.
© : Christine Février.

Ce texte est le plan d'un cours de Philosophie fait en classes préparatoires au Lycée Chateaubriand de Rennes. Il peut faire l'objet d'un usage personnel. Pour tout autre usage, s'adresser à l'auteur par l'intermˇdiaire du site.

Petit à petit, d'autres éléments seront ajoutés sous telle ou telle rubrique.

Christine Février est professeur de Philosophie en Classes Préparatoires Économiques et Commerciales et en Classes Préparatoires Scientifiques au Lycée Chateaubriand de Rennes.

Sur ce site, voyez les autres cours de Christine Février :
sur le programme 2003 : La Paix (Aristophane, Kant, Hugo),
sur le programme 2004 : Mesure et démesure (Platon, Rabelais, Molière),
sur le programme 2005 : L'animal et l'homme (La Fontaine, Condillac, Kafka),
sur le programme 2006 : La recherche du bonheur (Sénèque, Tchekhov, Le Clézio),
sur le programme 2007 : Puissances de l'imagination (Cervantes, Malebranche, Proust),
sur le programme 2008 : Penser l'Histoire (Corneille, Chateaubriand, Marx),
sur le programme 2009 : Énigmes du moi (saint Augustin, Musset, Leiris),
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Dix années de collaboration à ce site… Merci à Christine Fˇvrier.

 


L'AMITIÉ

Éthique à Nicomaque d'Aristote

Les Faux-Monnayeurs d'André Gide

En attendant Godot de Samuel Beckett

 

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Introduction : Quelles formes prendra l'Étude du thÈme de l'amitiÉ À la lumiÈre des trois Œuvres au programme

 

 

1 - Comment nos trois œuvres abordent-elles le thème ?

 

1.1 - Les livres VIII et IX de l'Éthique à Nicomaque constituent un traité philosophique sur l'amitié.

 

1.2 - Les Faux -Monnayeurs offrent un vaste panorama des relations interpersonnelles parmi lesquelles la relation amicale joue un rôle central.

 

1.3 - En attendant Godot met en scène la dérision de la condition humaine, ce qui rend l'amitié problématique et pour le moins euphémisée.

 

1.4 - Ces trois œuvres offrent des approches différentes du thème de l'amitié.

 

2 - Les questions sur l'amitié suscitées par la lecture de nos trois œuvres.

 

3 - Les axes autour desquels va s'organiser notre réflexion sur l'amitié, à partir de ces questions.

 

4 - Quelques mises en garde dans la façon d'aborder le thème.

 

5 - Le corpus qui alimentera notre réflexion : Bibliographie.

Ne figure pas dans cette bibliographie, la liste des œuvres littéraires que j'ai utilisées pour illustrer tel ou tel point du cours. Je ne vais pas diffuser cette liste en début d'année alors que je souhaite demander aux élèves de constituer un recueil de textes littéraires sur le thème de l'amitié, assortis d'un commentaire.

5-1 L'AMITIÉ

5-11 L'approche philosophique du thème

Articles amitié : Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale (PUF)
Articles amitié/amour : Encyclopédie universelle de philosophie (PUF)
Platon : Lysis
Aristote : Éthique à Eudeme – Éthique à Nicomaque
Epicure : Sentences Vaticanes
Cicéron : De l'amitié
Sénèque : Lettres à Lucilius
Plutarque : Comment distinguer le flatteur de l'ami
St Augustin : Confessions - livre quatrième
A. de Rievaulx : L'amitié spirituelle
Montaigne : Les Essais I, 26
Spinoza : Éthique, V
La Rochefoucauld : Maximes
A. Vincent-Buffault : L'Exercice de l'amitié (position des philosophes du XVIIIe (Diderot, D'Holbach…)
Hume : Traité de la nature humaine - livre II
Rousseau : Émile - livre IV
Kant : Doctrine de la vertu (tome II : Métaphysique des Mœurs - § 46-47)
Schopenhauer : Aphorisme sur la sagesse de l'amitié
Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra, I – De l'Ami, prologue, § 4-9
Humain trop humain, T. I, IV, § 354, 368, 376 et T. I, IV, § 499, épilogue
Le Gai Savoir, II, § 61 ; IV, § 279 // Aurore, IV, § 287 ; V, § 489 et 503
Blanchot : L'amitié – Pour l'amitié
Derrida : Politiques de l'amitié
Ricœur : Soi-même comme un autre

5-12 L'approche historique, philosophique, sociologique, politique

H.I. Marrou : Histoire de l'éducation dans l'Antiquité (la relation pédérastique)
Ph. Ariès et G. Duby : Histoire de la vie privée (5 tomes)
A. Vincent-Buffault : L'Exercice de l'amitié (histoire des pratiques amicale aux XVIIIe et XIXe)
J.Maisonneuve : Psychosociologie de l'amitié
S. Freud : Essais de psychanalyse (Psychologie collective et analyse du Moi)
M. Mauss : Essai sur le don
C.Schmitt : Le concept du politique
A. Renaut et S. Mesure : Alter ego
M. Le Dœuff : Le sexe du savoir
Revue Autrement : Série morales, sur l'amitié : n° 17 – 1995

5-2 ARISTOTE : Éthique à Nicomaque, livres VIII et IX, traduction Tricot, Paris, Vrin, 1971

A. Guigue : L'Éthique à Nicomaque d'Aristote – Premières leçons (Major, PUF, Paris, 1997)
F. Stirn : L'Éthique à Nicomaque d'Aristote, livres VIII et IX, Profil d'une œuvre, Hatier
P. Aubenque : La Prudence chez Aristote, PUF, Paris, 1963 (sur l'amitié chez Aristote)
J.C. Fraisse : Philia (Notion d'amitié dans la philosophie antique, Vrin, 1984)
J.L. Labarrière : Aristote dans dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, PUF, Paris, 1993


5-3 GIDE André : Les Faux-Monnayeurs, Gallimard, 1925

5-31 Sur Les Faux-Monnayeurs d'André Gide et sur André Gide

C. Martin : Gide, Seuil, Collection "Ecrivains de toujours", 1995
P. Chartier : Les Faux-Monnayeurs d'André Gide, Paris, Gallimard, collection "Foliothèque", 1991
G. Idt : Les Faux-Monnayeurs, collection "Profil d'une œuvre", Hatier, Paris, 1995
A. Goulet : Les Faux-Monnayeurs de Gide, Dunod, Paris, 1994
D. Moutote : Le Journal de Gide et les problèmes du moi, Paris, PUF, 1968
R.M. Allemand : Les Faux-Monnayeurs de Gide, Ellipses, 1999

5-32 Lire également de Gide

Gide : Corydon, Gallimard, Paris, 1911 (repris en Folio)
Le Journal des Faux- Monnayeurs, NRF, Paris, 1927 (repris en Folio)

5-4 BECKETT Samuel : En attendant Godot, Paris, Éditions de Minuit, 1952

Ludovic Janvier : Beckett par lui-même, Collection "Ecrivains de toujours", Paris, Seuil, 1969
J.P. Ryngaert : Lire en attendant Godot de Samuel Beckett
B. Lalande : En attendant Godot, Collection "Profil d'une œuvre", Hatier, 1970
C. Vuillard : Samuel Beckett et En attendant Godot, Paris, Ellipses, Collection "Résonnances", 1998
D. Alexandre et J.Y. Debreuille : Lire Beckett ; En attendant Godot et Fin de partie, Lyon, PUF de Lyon, 1998

Un Cahier de l'Herne est consacré à Beckett, disponible en LP, Biblio Essais, 1985
Un n° de Critique est consacré à Beckett, n° 520, 1990
Un n° du Magazine littéraire, n° 372, janvier 1999, est consacré à Beckett

 

6 - Ce cours combinera l'étude des questions posées par le thème  « l'amitié » et l'approche plus spécifique que chacune de nos œuvres en propose.

 

 

 

PREMIER VOLET: L'ANALYSE CONCEPTUELLE DE L'AMITIÉ

 

 

I- CE TRAVAIL D'ANALYSE CONCEPTUELLE EST CELUI-LÀ MÊME QUE FAIT ARISTOTE DANS L'ÉTHIQUE À NICOMAQUE LIVRES VIII ET IX

 

 

1- Compte tenu de l'extension très large du terme grec philia employé par Aristote et traduit en français par « amitié », relèvent de l'amitié tout sentiment d'affection, l'altruisme, la sociabilité.

 

1.1- Quelques remarques terminologiques à propos de philia, philos et philotes

 

1.2- « Aristote réunit sous le terme philia une extrême diversité de manières d'être et de formes d'action » (Pierre Aubenque, Aristote)

 

1.3- Malgré la grande diversité des relations qualifiées d'amicales, on peut dégager quelques caractéristiques communes qui précisent la nature de l'amitié selon Aristote

            1.3.1- Philia exprime toujours un lien réciproque d'affection

            1.3.2- « C'est dans une mise en commun que consiste l'amitié » EN VIII, 11, p. 407

            1.3.3- « On dit que l'amitié est une égalité » EN VIII, 7 , p. 397

 

2-Toutefois dans ce vaste genre on peut distinguer trois espèces :

 

2.1- La distinction logique de genre et d'espèce

 

2.2- L'usage de cette distinction chez Aristote pour ce qui concerne l'amitié

 

3- Non seulement Aristote distingue trois espèces d'amitié mais il les hiérarchise pour faire apparaître « le sens premier et fondamental » d'amitié : EN VIII, 5, p. 394

 

3.1- « La parfaite amitié est celle des hommes vertueux et qui sont semblables en vertu » EN VIII, 4, p. 390

 

3.2- C'est à ce titre qu'Aristote considère que le sens premier et fondamental d'amitié est à réserver à l'amitié vertueuse.

 

 

II- EN DEHORS DU CONTEXTE DE LA GRÈCE ANTIQUE ET DE LA PHILOSOPHIE ARISTOTÉLICIENNE, L'USAGE DU TERME AMITIÉ OSCILLE ÉGALEMENT ENTRE DEUX PÔLES EXTRÊMES.

 

 

1- Un pôle où, banalisée, l'amitié se confond avec les pratiques générales de la sociabilité.

 

2- Un pôle où, exaltée, l'amitié se présente comme la quintessence de la relation interpersonnelle pleinement heureuse.

 

2.1- « L'amitié n'est pas autre chose qu'un accord parfait de sentiments sur toutes les choses… joint à une bienveillance et une tendresse mutuelles. » Cicéron, De l'amitié

 

2.2- Puisque nous avons isolé la forme la plus authentique de l'amitié, nous pouvons la distinguer d'autres liens affectifs positifs.

2.2.1- Dans la perspective aristotélicienne, comme dans l’usage du français contemporain, l'amitié se distingue de la bienveillance (IX, 5) et de la bienfaisance (IX, 7).

2.2.2- Dans l’usage français contemporain, l'amitié au sens strict se distingue de la camaraderie et de la fraternité.

            2.2.3- Elle se distingue aussi de la sociabilité et de la convivialité

            2.2.4- Et de la pitié

            2.2.5- Et de la dévotion

            2.2.6- Et de l'affection familiale

2.2.7- Donc « ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion et commodité » Montaigne, Essais I, 28

 

2.3- Mais même si l'on identifie aisément les composantes d'une amitié véritable, la présence d'une ou plusieurs d'entre elles ne suffit pas à définir l'amitié.

            2.3.1- Certes l'amitié marque une préférence et une affection fortes, mais toute préférence ou toute tendresse n'est pas un signe d'amitié.

            2.3.2- Certes l'amitié offre un puissant réconfort, mais tout réconfort n'est pas le signe d'une amitié.

            2.3.3- Les amis ont de nombreux points communs, mais cela ne suffit pas pour être amis.

2.3.4- Certes le lien amical est un lien très fort, mais tout lien fort n'est pas signe d'amitié.

 

3- Ainsi on peut osciller entre une extension large ou restreinte du concept d'amitié. Par contre, on indiquera avec certitude ce qu'un tel concept ne comprend pas.

 

3.1- Les antonymes du concept d'amitié

            3.1.1- L'inimitié s'oppose à l'amitié et l'ennemi à l'ami.

            3.1.2- L'indifférence ou la solitude empêchent l'amitié.

            3.1.3- La méfiance ou la misanthropie également.

 

3.2- Les relations d'intrumentalisation sortent du champ de l'amitié

 

3.3- Il s'agit aussi de distinguer les vrais amis des faux amis

            3.3.1- La question de l'authenticité de l'amitié dans Les Faux-Monnayeurs d’André Gide : le point de vue de Bernard et celui d’Edouard.

            3.3.2- Comment distinguer le flatteur de l'ami ? Présentation du texte de Plutarque.

            3.3.3- La comédie de l'amitié : « cette comédie d'amitié que Georges consentit à jouer… ». FM, III,17 p. 367

 

 

III- Pour affiner encore l'analyse, examinons plus particuliÈrement les rapports entre amour et amitiÉ

 

 

1- Pour un certain nombre de raisons, on peut mettre en avant ce qui distingue, ou oppose, amour et amitié.

 

1.1- « L'amitié s'oppose à l'amour par l'absence de caractère sexuel. » Lalande, Vocabulaire de philosophie.

 

1.2-L'amour est démesure et passion, l'amitié a le sens de la juste mesure et est un sentiment raisonnable.

 

1.3- L'amour est précaire, l'amitié est durable.

 

1.4- L'amour est exclusif, l'amitié peut transcender cette tendance.

 

1.5- Proust dans À la recherche du temps perdu fait de l'amour comme de l'amitié un instrument d'investigation de soi et du réel, mais l'un est profond, l'autre superficielle.

 

1.6- Platon fait de l'amitié une « relation horizontale », et de l'amour une « relation verticale » P. Macherey, article sur le Lysis de Platon, revue Autrement.

 

2- Toutefois la distinction entre amour et amitié n'est pas toujours aussi nette que cela.

 

2.1- En français on trouve parfois un emploi indistinct des termes « amour » et « amitié ».

 

2.2- « De même que pour les amoureux… pareillement aussi pour les amis » Aristote EN IX, 12, p.  474.

 

2.3- « L'amitié comporte comme l'amour des jalousies et susceptibilités » Eric Blondel, L'Amour.

 

2.4- Montaigne, pour décrire son amitié avec La Boétie, emploie ce qui est pour nous le langage de l'amour.

 

2.5- L'amitié amoureuse d'Edouard et d'Olivier dans Les Faux-Monnayeurs

2.5.1- Bien des termes employés pour qualifier leur relation appartiennent au registre amoureux.

2.5.2- Plus précisément, Gide prend pour modèle, quand il forge la relation entre Edouard et Olivier, la relation pédérastique de la Grèce antique.

 

2.6- Le terme d'« amitié particulière », lui, a désigné, un temps, l’in distinction entre amitié et amour homosexuel.

 

3- En tout cas, dans un souci de clarification conceptuelle, la tradition distingue éros, philia et agapè

 

3.1- Éros désigne l'amour enflammé des amants.

 

3.2- Philia désigne la bienveillance mutuelle des amis.

 

3.3- Agapè désigne le concept  biblique d'amour.


 

DeuxiÈme VOLET : L'exercice DE L'AMITIÉ

 

 

I - Les signes d'une amitié accomplie

 

 

1- Partage, confiance, soutien, fidélité et sincérité sont autant de dispositions à manifester toutes ensemble pour que l'on puisse parler d'amitié véritable.

 

1.1- « partager les événements joyeux ou tristes, dévoiler tous ses secrets et ses projets, font spécialement partie de l'amitié » A. de Rievaulx, L'Amitié spirituelle

 

1.2- « et dans la pauvreté comme dans toute autre infortune, les hommes pensent que les amis sont l'unique refuge » Aristote EN VIII, 1, p. 382.

 

1.3- L'ami c'est : « celui qui souhaite et fait ce qui est bon… en vue de son ami même » Aristote EN IX, 4, p. 443.

 

1.4- « … Monsieur de La Pérouse, pour qui je connais votre vieille et fidèle amitié… » André Gide FM I, 18, p. 156.

 

2- Quelques exemples d'« amitié si entière et parfaite » Montaigne Essais I, 28

 

2.1- Lelius et Scipion.

 

2.2- Amis et Amile.

 

2.3- La fable de Jean de La Fontaine « Les deux amis ».

 

3- En prenant ces signes caractéristiques de l'amitié comme critères, certaines des relations présentées dans les Faux-Monnayeurs et dans En Attendant Godot sont des répliques plus ou moins pâles de l'amitié

 

3.1- Robert de Passavant et Vincent

 

3.2- Olivier et Robert de Passavant

 

3.3- Bernard et Édouard

 

3.4- Les relations de Boris dans la pension Azaïs

 

3.5- Vladimir et Estragon

 

4- On comprend également que le journal intime, les livres, les animaux, peuvent êêtre des amis de substitution

 

4.1- « O mon cahier, ô mon ami ! » Maurice de Guérin, Le Cahier vert, journal intime

 

4.2- « Tout livre est, dans sa signification secrète, une lettre ouverte aux amis de l'auteur » R. L. Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cévennes

 

4.3- « Trente millions d'amis »

 

 

II- Atteindre ce « sommet de l'amitié » (Rieveaulx) suppose de bien choisir son ami

 

 

1- Rappelons que l'amitié  est élective et préférentielle sur fonds de réciprocité

 

2- Même si ce choix réciproque est le plus souvent incapable d'expliquer ses motifs, on peut dégager quelques raisons psychologiques et sociologiques qui le gouvernent

 

2.1- Certes, les amis auront tendance à dire comme Montaigne : « par ce que c'estoit luy, par ce que cestoy moy ».

 

2.2- Toutefois, « deux variables semblent avoir un rôle déterminant sur les relations d'amitié: la proximité et la similitude » Jean Maisonneuve, Psychosociologie de l'amitié

            2.2.1- La vicinité

            2.2.2- « …ceux qui sont semblables sont amis » Aristote EN VIII, 2, p. 383.

 

3- Quoi qu'il en soit, « réfléchis longtemps pour savoir si tu dois choisir quelqu'un pour ami » Sénèque, Lettres à Lucilius III

 

3.1- Les méfaits de la précipitation.

 

3.2- Ce qu'il faut prendre en considération pour opérer le bon choix.

 

 

III - Ceci suppose aussi que l'amitié doit satisfaire certaines exigences

 

 

1- Certes la relation amicale n'est pas soumise à des contraintes légales ou institutionnelles, mais plus ou moins tacitement, des règles président à son bon déroulement

 

2- Ainsi une amitié se met à l'épreuve

 

3- De même, l'exercice de l'amitié doit satisfaire certaines exigences

 

3.1- Assurer son ami de sa présence affectueuse.

 

3.2- Dans un esprit joyeux et désintéressé.

 

3.3- En maintenant une « distance convenable » Emmanuel Kant, Doctrine de la vertu

 

3.4- Assurer également son ami de son soutien le plus actif et le plus constant.

 

3.5- Toutefois, le soutien doit être apporté avec discernement

            3.5.1- La leçon du Criton de Platon

3.5.2- « Posons comme règle absolue que nous ne demanderons jamais à nos amis de faire quelque chose de mal et que nous opposerons un refus à une demande de même sorte » Cicéron, De l’amitié

            3.5.3- Pas d'unanimité sur la question de savoir si les devoirs de l'amitié l'emportent sur tout le reste.

 

3.6- Il faut aussi ne jamais trahir la confiance de l'ami, tout en s'imposant un devoir de sincérité.

            3.6.1- Un ami se doit d'être de toute confiance.

            3.6.2- Mais « un vrai ami ne doit jamais approuver les erreurs de son ami » Malebranche, Recherche de la vérité IV, 5.

 

3.7- « Chaque partie reçoit de l'autre les mêmes avantages ou des avantages semblables, ce qui est précisément la règle entre amis » Aristote EN VIII, 5, p. 392.

 

3.8- Il faut s'offrir le temps propice à l'amitié ainsi que montrer des marques d’amitié et effectuer des rites d'amitié dans un dialogue attentif.

 

3.9- Aimer son ami comme s'il allait devenir son ennemi est une règle qui semble faire une quasi-unanimité contre elle.

 

 

IV- En vivant une telle amitié se pose la question du nombre des amis : peut-on avoir beaucoup d'amis ?

 

 

1- « Les amis de nos amis sont nos amis » (Proverbe)

 

2- Mais « on ne peut pas être un ami pour plusieurs personnes dans l'amitié parfaite » Aristote EN VIII, 7, p. 398.

 

3- En fait il est possible d'avoir plusieurs amis mais pas en trop grand nombre.

 

3.1- Juxtaposer des amitiés.

 

3.2- Forger une petite communauté d'amis.

 

4- Mais alors comment comprendre la formule attribuée à Aristote « Mes amis, il n'y a point d'amis » ?

 

 

V - L'expérience de l'amitié véritable ne peut malgré tout éluder la question de la rupture de l'amitié

 

 

1- Certes on ne s'étonnera pas que certaines amitiés rompent ou risquent de se rompre:: les motifs les plus fréquents de  rupture

 

2- Mais pour d'autres amitiés cela semble impossible, et pourtant…

 

2.1- Dans l'amitié véritable la rupture ne devrait jamais survenir.

 

2.2- Néanmoins de véritables amitiés se sont bel et bien brisées.

 

3- En fait, « quand une disparité considérable se produit, les amis ne sont plus longtemps amis » Aristote EN VIII, 9, p. 403

 

4- Au nom de l'amitié passée on peut essayer d'éviter de rompre ou, si ce n'est pas possible, essayer de bien rompre

 

4.1- Le mieux serait de prévenir la rupture.

 

4.2- Si le désaccord n'est pas fondamental, il faut tout faire pour le réduire.

 

4.3- Quand la rupture s'impose « conserver le souvenir de l'intimité passée » Aristote EN IX, 3, p. 441

 

4.4- À moins qu'exceptionnellement on rompe par amitié.

 

 

 

TroisiÈme VOLET : les diverses maniÈres de penser l'articulation du mÊme et de l'autre dans la relation amicale (puisqu'il est de tradition de dire que l'ami est un autre soi-mÊme)

 

 

I- Au livre IX de l'Éthique à Nicomaque, Aristote aborde quatre problèmes se rattachant à la question de savoir en quel sens la philia qui met l'autre en position d'ami dépend de la relation d'amitié du sujet avec lui-même (philautia)

 

 

1- La relation d'amitié avec l'autre, l'ami, se comprend -elle à partir de la relation de l'homme avec lui-même  ? (IX, 4)

 

1.1- « Chacun de ces caractères (ceux de la philia) se rencontre aussi dans la relation de l'homme de bien avec lui-même » Aristote EN IX, 4, p. 443

 

1.2- On peut en tirer deux conclusions :

            1.2.1- « Les sentiments affectifs que nous ressentons à l'égard de nos amis… semblent bien dériver des relations de l'individu avec lui-même » Aristote EN IX, 4, p. 442

            1.2.2- « Il en résulte que l'amitié semble consister elle aussi en ces caractères » Aristote EN IX, 4, p. 445

            1.2.3- En revanche, Aristote ne démontre pas mais « admet » qu'« il peut y avoir amitié entre un homme et lui-même » Aristote EN IX, 4, p. 445

 

1.3-Ces analyses sont confirmées a contrario par l'exemple des méchants

 

2- « Doit-on faire avant tout passer l'amour de soi-même ou l'amour de quelqu'un d'autre ? » Aristote EN IX, 8, p. 455

 

2.1- « Deux opinions sont en conflit, elles ont l'une comme l'autre quelque chose de plausible » Aristote EN IX, 8, p. 457

            2.1.1- « On critique ceux qui s'aiment eux-mêmes par dessus tout et on leur donne le nom d'égoïste en un sens péjoratif » Aristote EN IX, 8, p. 455

            2.1.2- « On admet….qu'on doit aimer le mieux son meilleur ami » (Aristote EN IX, 8, p. 456) mais le meilleur ami de l'homme de bien c'est lui-même.

 

2.2- C'est en distinguant deux sens du terme « égoïste » que l'on résout ce paradoxe.

 

2.3- Nous concluons « que l'homme vertueux a le devoir de s'aimer lui-même » (Aristote EN IX, 8, p. 459), ce qui ne l’empêche pas « de donner sa vie pour ses amis » (Aristote EN IX, 8, p ; 459)

 

3-  Un homme heureux, qui se suffit à lui-même aurait-il besoin de quelqu'un d'autre, fût-il un ami ?

3.1- Aristote va apporter une première réponse en raisonnant dialectiquement à partir des opinions courantes sur la question (EN IX, 9)

            3.1.1- « On prétend que ceux qui sont parfaitement heureux et se suffisent à eux-mêmes n'ont aucun besoin d'ami » (Aristote EN IX, 9, p. 461) : thèse

            3.1.2- Pourtant, « la possession d'amis est considérée d'ordinaire pour le plus grand des biens » (Aristote EN IX, 9, p. 461), or on attribue tous les biens à l'homme heureux : antithèse

            3.1.3- En fait, sous un certain angle, chacune de ces deux thèses est « dans la vérité » Aristote EN IX, 9, p. 461

 

3.2- Puis Aristote reprend la question pour la résoudre par un enchaînement de syllogismes dont les principes sont tirés de la « nature même des choses » Aristote EN IX, 9, p. 461

 

3.3- Aristote ne traite pas la question de savoir si n'importe quel homme vertueux peut être l'ami de l'homme vertueux.

 

3.4- On saisira la spécificité de la position d'Aristote par contraste avec celle des épicuriens et celle des stoïciens

            3.4.1- « Toute amitié est par elle-même désirable, elle a cependant l'utilité pour origine » Épicure, Sentences Vaticanes

            3.4.2- « Le sage se suffit à lui-même, tout en souhaitant avoir un ami » Sénèque, Lettres à Lucilius, IX

 

4-  La divinité et l'animalité sont dans un rapport d'altérité trop grand avec l'humanité pour que l'homme puisse être ami avec les dieux ou avec les bêtes.

 

4.1- « Dieu est éloigné de l'homme par un intervalle si considérable qu'il n'y a plus d'amitié possible » Aristote EN VIII, 9, p. 403

           

4.2- « Quand il s'agit des hommes il n'en est pas pour eux comme pour les bestiaux, où la vie consiste seulement à paître » Aristote EN IX, 9, p. 468

 

 

II - On doit aussi s'interroger plus particulièrement sur les interprétations possibles de l'expression « l'ami un autre soi-même », ses présupposés, ses implications, ses difficultés

 

 

1- Le « soi-même » dans l'expression « l'ami, un autre soi-même », désigne chez Aristote la raison qui est commune à l'homme de bien et à son ami, et qui ne parvient à son plein exercice que s'ils la cultivent ensemble.

 

1.1- L'amitié suppose une similitude morale et humaine…

 

1.2- Qui n'exclut pas des différences psychologiques, des inégalités sociales…

 

1.3- Par conséquent, pour Aristote, l'ami n'est ni un double de moi-même ni radicalement autre

 

2- Mais on peut penser aussi que l'ami est un autre moi-même par un mouvement d'identification réciproque.

 

2.1- Quelques manières de parler de soi et de son ami en témoignent.

 

2.2- L'amitié repose sur une connivence narcissique.

 

2.3- L'expérience de la similitude prend tantôt une forme défensive, tantôt une forme expansive.

 

3- Toutefois, on peut contester que l'ami soit un autre soi-même, cela n'empêche d'ailleurs pas nécessairement l'amitié.

 

3.1- La conception de l'ami constitué par transfert analogique à partir de soi est critiquable.

 

3.2- « Restons nous tous deux fidèles à nous-mêmes, nous le resterons aussi l'un à l'autre » Nietzsche, Lettre à Peter Gast, 13 avril 1878

 

3.3- On peut même concevoir l'amitié sans communauté d'amis, sans ressemblance ni proximité : M. Blanchot, L’Amitié

 

3.4- D'ailleurs, faut-il avoir un moi bien défini à offrir à l'ami ?

            3.4.1- Cette thématique est centrale dans Les Faux-Monnayeurs

            3.4.2- La question se pose aussi si on assiste à l'effondrement généralisé du sens comme dans En attendant Godot

 

4- À moins que « l'amitié [soit] ce moyen par lequel chacun apprend à se connaître soi-même comme un autre » Paul Ricœur, Soi- même comme un autre

 

 

 

quatriÈme VOLET: La dimension sociale et politique de l'amitiÉ

 

 

I - L'amitié est une expérience personnelle et interpersonnelle (cf 2ème et 3ème volets), elle est également un fait social

 

 

1-  Elle répond à des codes socialement déterminés : le cas exemplaire du don

 

1.1- La Psychosociologie de l'amitié de Jean Maisonneuve

 

1.2- « Le don… est consenti à titre amical, bien que celui qui en est l'auteur s'attende à recevoir en retour une valeur égale ou supérieure » Aristote EN VIII, 15, p. 424

 

2- La conception de l'amitié varie considérablement d'une société à l'autre, elle est conditionnée historiquement et culturellement : quelques exemples

 

2.1- Elle est aussi une vertu politique dans l'Antiquité, elle est surtout un sentiment intime dans la modernité.

 

2.2- Au XIXe siècle, le souci de la famille prend le pas sur la recherche de l'amitié, et l'amitié disparaît comme problème moral et philosophique.

 

2.3-Dans la conception en vigueur à l'âge classique, l'exercice de l'amitié véritable demeure propre à la maturité; au XIXe siècle, se découvre l'amitié à l'adolescence.

 

3- Dans nos trois œuvres, l'amitié théorisée ou mise en œuvre est une amitié masculine. L'amitié est-elle donc une affaire d'hommes ?

 

3.1- Les hommes entre eux dans l'espace public, dans les campagnes militaires…

 

3.2- Une parenthèse non sexiste au XVIIIe siècle.

 

3.3- Le XIXe siècle sera particulièrement sexiste.

 

3.4- La reconnaissance de l'égalité hommes-femmes au XXe siècle n'a pas rendu nettement plus aisées dans les faits les relations amicales entre hommes et femmes.

 

3.5- Et, de fait, considérer l'amitié politique en termes de fraternité (et donc implicitement en terme d’amitié au  sein du genre masculin) rend plus difficile l’insertion des femmes en politique ainsi que la prise en compte politique d’autres figures de l’altérité : Jacques Derrida, Politiques de l'amitié

 

 

II-Le rôle de l'amitié dans l'espace social et politique

 

 

1- « En toute communauté on trouve quelque forme de justice et aussi d'amitié coextensive » Aristote EN VIII, 11, p. 407

 

1.1- « L'amitié et la justice ont rapport aux mêmes objets et interviennent entre les mêmes personnes » Aristote EN VIII, 11, p. 407

 

1.2- Aristote construit une interprétation circulaire de l'amitié privée et de la politique.

 

1.3- Toutefois « les législateurs paraissent attacher à l'amitié un plus grand prix qu'à la justice même » Aristote EN VIII, 1, p. 383

 

1.4- Et pour régler les litiges propres à l'amitié on ne peut pas faire appel seulement à la justice.

 

2- D'autres discours philosophiques ont explicitement associé l'amitié et politique

 

2.1- Il y a dans la nature humaine un principe de sympathie dont l'une des formes est l'amitié, qui joint les individus en un ensemble : Hume, Traité de la nature humaine livre II

 

2.2- « Les peuples se regroupent conformément à l'opposition ami-ennemi » Carl Schmitt, Le Concept du politique

           

2.3- Dans la tradition républicaine, l'amitié prend la forme de la fraternité.

 

3- Ce statut politique de l'amitié a suscité plusieurs objections.

 

3.1- La fonction politique de l'amitié a des effets pervers.

 

3.2- On pourrait même aller jusqu'à dire que la fonction politique de l'amitié est une illusion.

 

3.3- Donc certains proposent de se passer de l'amitié en politique.

 

3.4- Et tout au plus l'amitié ne serait pas politique mais cosmopolitique.

 

3.5- À moins, plus radicalement, de chercher dans l'amitié un contrepoint à la vie publique.

 


CinquiÈme VOLET: L'amitiÉ peut aussi faire l'objet d'un questionnement moral

 

 

I - Dans lÉthique à Nicomaque, l'amitiÉ prend une part essentielle dans la pratique de la vie vertueuse et dans la recherche du bonheur qui est le souverain bien

 

 

1- Aristote aborde dans l’Éthique à Nicomaque les questions morales

 

1.1- Présentation de l’Éthique à Nicomaque

 

1.2- Quelques concepts-clés de la philosophie morale aristotélicienne.

 

2- Le fait qu'il consacre deux livres sur dix à l'amitié doit attirer notre attention sur son importance : Une vie bonne est une vie où nécessairement se déploie l'amitié.

 

 

II - L'amitié fait l'objet de jugements de valeur contrastés : de l'éloge inconditionnel à la critique radicale, en passant par une valorisation de l'amitié à certaines conditions

 

 

1- L'amitié est une valeur absolument positive.

 

1.1- L'amitié fait généralement l'objet d'appréciations dithyrambiques.

 

1.2- Car l'amitié véritable apporte des bienfaits affectifs considérables.

 

1.3- Car l'amitié contribue à l'amélioration de soi, voire à l'amélioration morale :

1.3.1- « Le propre de l’amitié est de stimuler les facultés des partenaires qu’elle rend alertes et inventifs, aptes à réunir leurs ressources et à se compléter mutuellement » Emerson, Friendship

1.3.2- L’échange amical a pour certains une portée morale : d’Aristote à Kant en passant par Spinoza…

 

1.4- Car l'amitié joue un rôle politique positif.

 

1.5- En outre l'amitié reste une valeur primordiale même quand elle prend des formes éloignées de sa représentation traditionnelle :

1.5.1- « Je ne vous enseigne pas le prochain mais l’ami ; que l’ami soit pour vous un avant-goût du surhomme » Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

1.5.2- Grâce à l’ami se connaître soi-même comme un autre.

1.5.3- « L’amitié libre, détachée de tous les liens » Maurice Blanchot L’Amitié

 

1.6- C'est pourquoi on privilégiera l'amitié qui constitue, entre deux personnes, « la relation » par excellence.

 

 

2- L'amitié est une valeur positive sous certaines conditions :

 

2.1- À condition de rester fidèle à soi-même, de ne pas se diluer dans l'amitié et de ne pas l'assimiler à une simple complaisance narcissique ;

 

2.2- À condition de s'abstenir d'attribuer un rôle politique à l'amitié ;

 

2.3- À condition de se soustraire à la conception sexiste de l'amitié ;

 

2.4- À condition de relativiser le rôle de l'amitié.

 

2.5- Les Faux- Monnayeurs témoigne d’une crise des valeurs ; l’amitié est la valeur qui peut résister le mieux à la falsification, mais à condition de repenser les rapports entre amitié et sincérité :

2.5.1- Le roman met en scène, par le thème de la fausse monnaie, la dénonciation générale des faux-monnayeurs de l’esprit et du cœur.

2.5.2- L’amitié telle qu’on la conçoit traditionnellement ne résiste pas à cette démystification.

2.5.3- Toutefois même mal assurée dans ses fondements et son exercice l’amitié reste une des relations interpersonnelles les plus précieuses.

2.5.4- Ainsi la valorisation de l’amitié suppose de s’écarter du modèle classique, d’autant que Gide veut brouiller la frontière entre l’amour et l’amitié.

2.5.5- La fonction de père est aussi restaurée à certaines conditions.

 

2.6- À condition de trouver la forme d’amitié adéquate à un monde privé de sens : En attendant Godot

2.6.1- Beckett met en scène un monde privé de sens et des tactiques pour passer le temps.

2.6.2- Dans ce contexte d’effacement des valeurs, la représentation classique de l’amitié est un non-sens.

2.6.3- Mais la solitude ne semble pas plus supportable.

2.6.4- Reste peut-être l’amitié mais une amitié fragile et incertaine vécue sur le mode mineur, afin de vivre et mourir moins difficilement.

 

3- L'amitié est une valeur négative

 

3.1- L'amitié est un mythe.

 

3.2- Les effets pervers de l'amitié sont plus préjudiciables que ses bienfaits.

 

3.3- C'est pourquoi on préfèrera valoriser d'autres conduites :

3.3.1- La misanthropie, l’inimitié

3.3.2- On peut faire l’éloge de la solitude

3.3.3- La perspective chrétienne conteste l’amitié au profit de la charité

3.3.4- On peut préférer l’amour à l’amitié

 

4- Notre analyse du thème de l'amitié telle qu'on l'a menée dans ces cinq volets et telle qu'on l'a forgée à partir des trois œuvres au programme, permet de comprendre à la fois la pluralité et l'irréductibilité de ces jugements de valeur

 

 

 

 

 

 

conclusion GÉNÉRALE (sous la forme de quelques plans de dissertation)

 

 


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